Blood And Lace est un petit film d'horreur qui a priori ne paye pas de mine mais qui va s’avérer sacrément tordu si l'on creuse un peu la surface des choses. Premier et dernier film de Philip Gilbert, Blood And Lace trouve surtout sa singularité dans l'écriture de Gil Lasky et surtout dans la galerie de personnages peu fréquentables qu'il nous propose.


Blood and Lace nous raconte l'histoire de Ellie une jeune fille orpheline depuis que sa prostituée de mère s'est faites attaquer au marteau par un psychopathe qui lui a refait le portrait. Sous l'impulsion d'un vieux travailleur sociale la jeune fille se retrouve dans une pension pour orphelins sur laquelle règne avec autorité Mrs Deere et son homme de main Tom Kredge. Dans cette noble maison ou les pensionnaires sont traités comme des esclaves les punitions ressemblent à des tortures et toute tentative d'évasion entraîne la mort du fuyard.


Blood And Lace s'ouvre sur une scène classique digne des meilleures slasher (Nous sommes trois ans avant la sortie de Black Christmas) Un tueur qui s'avance en vue subjective dans une maison, un travelling avant avec l’œil de la caméra fixé sur l'arme du crime, un couple endormi et une mise à mort à grands coups de marteau. Même si le montage un peu paresseux et l'absence de bruitages équivoques lors du meurtre empêche de lui donner son plein impact, la scène reste tout de même très efficace. Le film de Philip Gilbert va ensuite s'éloigner un peu de l'horreur graphique pour nous plonger dans une intrigue remplie de personnages et d'enjeux troubles jusqu'au malaise. Au centre du récit on trouve donc Ellie une jeune fille de 17 ans interprétée par la jolie blonde Melody Patterson qui se retrouve contrainte de vivre dans un foyer d'orphelins. En effet la jeune fille ne connaît pas son père et sa mère assassinée au tout début du film était une prostituée notoire à tel point qu'elle déclare à propos de sa pauvre génitrice que tous les hommes de plus de seize ans la connaissait très bien. Et effectivement que ce soit le vieux travailleur sociale qui s’occupe d'elle ou le flic intérimaire qui travaille à sa protection rapprochée, tous frétilles du sourcil à l'évocation amoureuse de la défunte. Mais passe encore que les deux personnages pratiquent l'amour tarifé, après tout la chair est faible, on apprendra aussi que ce travailleur sociale couche avec la tenancière de la maison d'orphelins contre quelques oublies lors des inspections de routine et que notre flic quinquagénaire aimerait bien se ranger en épousant l'adolescente quitte à lui forcer un peu la main. Vous voulez encore du tordu, alors évoquons tout d'abord Mrs Deere qui s'amuse à brimer de l'orphelin tout en vénérant de manière équivoque son mari décédé, puis son homme de main Tom Kredge qui poursuit les orphelins fugueur avec son hachoir à viande et s'imagine avoir des relations salaces avec les adolescentes orphelines. Et encore pour ne pas vous spoiler la fin du film, je vous épargne à quel point certains personnages vont s'avérer être encore plus tordus que ce qu'ils sont déjà. En tout cas Philip Gilbert filme tout ceci avec applomb et premier degré renforçant l'écriture sinueuse et inquiétante comme un vieux serpent de Gil Lasky.


Blood And Lace s'appuie sur un très bon casting même si le film ne possède pas de glorieuses têtes d'affiches. Melody Patterson bien que plus âgée que son rôle reste crédible en adolescente, presque adulte tentant de surnager dans ce panier de crabe et Vic Tayback (150 rôles petit et grand écran confondu) incarne ce flic aussi pathétique qu'inquiétant dans son obsession à se ranger auprès d'une gamine. Le duo qui dirige cet orphelinat à coups de baffes, de hachoir et de tortures punitives est interprété par l'inquiétante et glaciale Gloria Graham (qui a tout de même tournée sous la direction de Capra et Cecil B DeMille) et le charismatique et flippant Len Lesser, un solide second rôle du cinéma et de la télévision américaine que l'on a pu voir dans Josey Wales Hors la Loi ou Meurtres au 43eme étage. Même si le film n'évite pas certaines maladresses et quelques petites scènes involontairement amusantes (Ah ce grand dadais qui se cache derrière un arbre bien trop petit) dans l'ensemble ce Blood And Lace est un petit film qui tient méchamment bien la route.


Blood And Lace est donc un chouette petit film à redécouvrir surtout si vous aimez les intrigues tordus comme des vieux clous et les personnages marteaux.

freddyK
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le 31 juil. 2023

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