Antonioni avait deux cerveaux : un petit et un gland !

Antonioni avait deux cerveaux : un petit et un gland !

Pour bien resituer ce navet dans son contexte, il faut alimenter la machine à remonter le temps et se replacer dans le moment révolutionnaire qu'ont connues les sixties...

Après la seconde guerre mondiale, les enfants nés du baby-boom veulent tout chambouler, et ont envie de métamorphoser le monde, ce monde d'avant le conflit, cruel, despotique, capitaliste...

Les vieux crooners d'avant guerre ne les séduisent plus et en sont réduits à chanter dans les foyers pour vieux, ou encore cachetonner pour clubs du troisième âge : les jeunes ne veulent plus de ces Tino Rossi et autres Chevalier ou Guetary, Mariano... !

La place est désormais aux guitares électriques et batteries, aux groupes de rock qui pullulent un peu partout, et l'Angleterre sera dans ce domaine à la pointe du progrès avec ses radios pirates genre Caroline qui promouvaient la jeune génération montante de chanteurs yé-yé !

Quand Hallyday chantait tout jeune, les directeurs de salles savaient qu'ils pouvaient s'apprêter à changer les fauteuils cassés de leurs temples du rock...

Tous les débordements sont permis sur scène comme ici avec "les Yardbirds" dont un des illuminés (ou drogués) casse sa guitare comme le torero met à mort la bête dans l’arène... On cherche la notoriété comme on peut et tous les groupes n'ont pas le talent "des Beatles"...

La peinture a grandement évolué elle aussi : avec l'apparition de la photo, les artistes renoncent désormais à pourvoir faire aussi bien ou mieux qu'elle : le figuratif n'attire plus autant et il va falloir trouver autre chose... Tout ce qui était artistique subit de nombreuses évolutions mais même la politique : De Gaulle dont le retour avait été plébiscité par les français va devoir affronter les évènements de mai-juin 68 pendant lesquels aura lieu une des plus grandes grèves générales qu'ait connu la France qui Dieu soit loué, n'ont pas dégénéré en guerre civique ...

Le cinéma de grand papa lui aussi a vécu : les films deviennent de plus en plus osés et pour changer des romances d'amour, policiers et éternels westerns qui commencent à lasser, certains créateurs sans talent rivalisent d'imagination avec la censure pour tester jusqu'où ils peuvent aller trop loin... C'est aussi l'époque d'une pseudo nouvelle vague de cinéma qui sent "l'à peu près"ou pire : le snobisme bon teint prétentieux.

Même la mode vestimentaire évolue au point que les vêtements féminins dénudent de plus en plus le beau sexe, notamment les mini-jupes.... Seule la religion est encore respectée mais ne remplit plus les églises...

Pour remplir les salles, on "montre du cul" et ce de plus en plus... C'est dans ce contexte qu'on ira voir "Le mépris" pour jouir du spectacle "du cul" de Bardot dénudée, et que s'inscrit cette panse de brebis farcie de "Blow-Up" film dont tout le monde se fiche d'ailleurs du titre..

On sait que c'est un long métrage qui sent le souffre et ça suffit à appâter ceux qui lisaient "Paris-Hollywood" sous le manteau. On ne se cache plus désormais pour jouir du magazine de l'homme moderne "Lui" qui fait dans la nudité BCBG,et ayant fait beaucoup pour la carrière de certaines stars que leur talent intrinsèque.

C'est bien connu, les films "qui osent" genre porno, offrent toujours un scénario au ras des pâquerettes.... Comme dans celui de "Blow Up" aussi mince et fragile qu'une toile d'araignée : juste là pour servir de fil conducteur à des images jusqu'alors interdites : Birkin et Hills à poil bien qu'adolescentes... ou encore montrent oser fumer ostensiblement des joints...

Braver l'interdit fait parler et vendre bien mieux que les pubs stupides des télés de nos jours...

Tout ceci débouchera sur des films de plus en plus érotiques et in fine, du porno et de ses salles spécialisées.... mais comme on le sait, même les meilleures choses finissent par lasser....

C'est dans ces eaux boueuses que le réalisateur Antonioni qui n'a rien d'un Michel Ange avait trouvé une inspiration nauséabonde, et une historiette proche de la débilité...

Par contre, quel homme ne se régalerait de la vue d'une jolie jeune fille à poil, surtout quand il la découvre en pleine phase d'exhibitionnisme... Jane Birkin a expliqué (bien après) dans quel état d'esprit elle était gamine, quand elle a accepté de tourner ce rôle bien proche du porno... "Quand j'ai dit que je m'apprêtais à tourner ce genre de scène, on m'a dit : de toute façon, tu n'oseras pas faire ça... Il n'en fallait pas plus pour me convaincre !"

Le casting est tout aussi consternant que le récit , et lorsque des midinettes s'exhibent batifolant en tenue d'Eve, une "mémé" venue s'offrir à un photographe pour récupérer une pellicule compromettante fait tout, elle, pour cacher de ses bras sont buste nu ! Stupide !

Le pseudo photographe héros neuneu, est encore plus ringard et a dû se faire rigoler tout comme moi les vrais photographes ! Ceux qui savent qu'un modèle doit être mis à l'aise pour donner le meilleur de lui-même, qui sont pondérés et ne font pas dans les "photos volées"...

Et à l'époque, les capots couleur argent des appareils trahissaient l'amateur par rapport aux pros dont les Mamya 6x6 mono-objectif et Reflex étaient entièrement noirs eux ! Et coûtaient un bras comme les pellicules "pro" et leur développement ad'hoc......

Les disquaires savaient aussi (eux) qu'on ne touche jamais les sillons d'un disque vinyle...

Le gras laissé par les doigts devient ensuite un véritable aimant à poussières et autres saletés...

Le héros qui joue le photographe (Hemmings) n'aura pas connu la gloire grâce à ce rôle de "maboul" hystérique... Il balade d'ailleurs son appareil comme "une pute" le fait de son sac !

Tout ça sent le manque de moyens, d'imagination, et les plans interminables n'en finissent pas de s'éterniser... Antonioni n'a toutefois pas tenté l'homosexualité ?

Les gloussements féminins sont vulgaires et les délires pseudo érotiques vulgaires car superfétatoires.

Réchauffé, ces délires antonioniques font plus sourire de leur niaiserie que de leur avancée sensuelle. La musique de Hancook est au diapason de la médiocrité intrinsèque de ce long-métrage.

Évidemment, boules puantes aidant, ce film a attiré 1 570 899 spectateurs (dont beaucoup de voyeurs) en salles françaises mais tout ça pour une 24° place seulement au box-office ! Renvoyé bien loin par "Les grandes vacances" de Jean Girault : enfin du vrai cinéma comme on l'aime et qui trônait cette année-là en tête du podium ! Les plus belles palmes qui soient !

France 3 le 27.05.2023-

270345
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le 31 mai 2023

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