Première constatation : Beaucoup de passages filmés dans cette nouvelle adaptation. Pas vraiment dans l'esprit, mais comme le film annonçait déjà sa tentative de passer au film d'animation numérique, on avait le temps de se préparer. On évitera de parler des mouettes pour se concentrer sur la performance d'Antonio Banderas. De nombreuses critiques ont été formulées à son sujet, alors qu'il n'y a pas vraiment matière à critiquer sa prestation, dans la caricature avec un brin de théâtre (revoir les épisodes de la série pour se convaincre que quelques progrès ont été faits). En fait, le problème est ailleurs, et c'est un peu le drame de ce nouvel épisode, qui s'enfonce dans les abîmes de la déception.
Ce n'est pas du côté de l'humour, qui a su garder le niveau de la série. Il suffit de voir l'affrontement entre Plancton et le Krusty Krab pour retrouver nos personnages favoris, envoyant leur quota d'absurdité à la vitesse d'une mitrailleuse. Mais c'est bel et bien dans la structure même du film que réside le défaut. En prenant son film comme un film d'aventure avec tous les personnages principaux, Bob l'éponge, un héros sort de l'eau s'est dès lors contenté de faire du fan service, et a complètement perdu son côté fédérateur dans l'irresponsabilité et la naïveté. Il est devenu un simple film pour enfant. Il conserve donc assez logiquement son humour, mais la relative insipidité de sa structure (au final, on serait pas allé le voir qu'on n'aurait rien raté, c'est juste une aventure de Bob comme un épisode qui se serait mis curieusement à durer) laisse finalement le spectateur peu impliqué. C'est une aventure sans le côté road movie initiatique complètement régressif, avec un esprit un peu bêta. On s'aperçoit quand même que les scénaristes se sont rendus compte de la faiblesse du matériau, et qu'ils ont voulu compenser en plaçant un tas de références dans leur film. Certains enfants pourront les comprendre, mais des allusions à des films comme Mad Max ou H2G2 ne laissent pas de doute sur le public visé. Et bien c'est un peu nul de vouloir rattraper un film en faisant des allusions à d'autres qui sont clairement meilleurs. Car si les allusions prêtent à sourire, elles ne sont jamais aussi efficace que les imbécilités de Bob l'Eponge.
Le grand écart du film a été son passage aux prises de vue réelles. Globalement, passées les premières minutes déstabilisantes, l'humour parvient à nous faire accepter la transition. Le problème devient alors les remarques des passants, qui sont alors du niveau des figurants dans les Schtroumpfs... Le film passe alors à un niveau plus cartoonesque en s'amusant avec son concept, hélas sans grand succès comique. L'originalité relative de la dernière partie compense à peine la platitude de l'immersion, et on se quitte finalement sans avoir été diverti. Le 4/10 n'est pas passé loin.