Encore un biopic, encore un ratage, entre écrivains et peintres ça n'arrête pas. L'acteur principal est plutôt bon, il n'y est pour pas grand chose. Non ça ne vient pas spécialement de lui.

Le film sur Marley est incomplet, bordélique et prend beaucoup de raccourcis, ça manque complètement de liant. Ça survole, on dirait un puzzle auquel il manque des pièces et quelles pièces ! Heureusement qu'il reste la musique, Y'avait même ma préférée, Redemption song à la guitare sèche, et certaines séquences d'archives que d'ailleurs le réalisateur (ou la production allez savoir) ne s'est pas privé d'utiliser pour combler le manque cruel d'une fin acceptable. Parait que l'enterrement de Marley était vraiment une grande cérémonie. Petit film vraiment.

Vous imaginez bien qu'il n'y a pas que ça. Ça manque de développement sur Peter Tosh par exemple, oublié, à part un petit Peter lancé au détour d'une conversation. Peter Tosh était Co-chanteur avec Bob. Un différent les opposa et Peter s'en alla. Plus tard il sortira son seul et unique album "Legalise it" et un peu plus tard encore se fit buter dans un Kingston pollué par les gangs de jeunes désœuvrés, violents et surarmés (nous sommes dans la fin des années 1970)

Comme on le voit sur la scène d'intro Marley faillit y passer avant lui. Encore un exemple dans le film on ne voit pas les auteurs de la fusillade pendus à des arbres pour les punir de leur forfait. De mémoire je crois même qu'ils étaient plus de deux.

Marley coucha avec beaucoup de femmes et eut beaucoup d'enfants (plus d'une dizaine) dont le plus connu est Ziggy qui eu son petit succès mais sans plus, aujourd'hui il y a aussi Damian Marley... La seule et l'unique restait cependant Rita Marley. Rita n'était pas une sainte non plus; loin de l'image de l'épouse éplorée du biopic.

Adolescent Marley prend un coup de machette dans le crane, black out là aussi.

Faut comprendre que l'univers de Bob Marley n'était pas un éternel love and peace. Certes Marley prêchait l'amour, la paix et l'unité, vu de là c'est sympa comme idée mais bon l'être humain n'est pas fait pour ça et à la Jamaïque c'est chaud bouillant. Catch a fire ! Les gangs font la loi, les politiciens sont corrompus. A cette époque en tout cas.

Peut-être le pire, on ignore tout des deux pères spirituels de Bob, Marcus Garvey, un activiste et défenseur de la cause noire, et le Christ ressuscité sur Terre son Altesse l'Empereur Haïlé Sélassié the first, le Négus, Empereur d'Éthiopie. Le Négus, dans le film, c'est l'homme noir avec une grande barbe montant le cheval blanc, dans la nuit, au milieu d'un cercle de feu, scène, celle-ci, visuellement réussie.

Mine de rien on ne parle pratiquement pas du côté religieux du mouvement Rastafari. Les rastas lisent beaucoup la Bible, leur Dieu est Jah Rastafari, ils font du sport, fument, beaucoup, de gros joints, plus gros que dans le film (on dit 500 g par jour pour Bob mais ça serait plutôt 300) ont un régime alimentaire strict, ne mangent pas de viande mais du poisson, des légumes (beaucoup d'ignames frits) pas d'aliments en conserve, ils ne boivent pas d'alcool mais une mixture gluante dont j'ai oublié le nom, censée vitaliser le corps et l'esprit. Marley et ses potes croient aux 12 tribus perdus d'Israël. Chaque bande reprend le nom d'un Saint. ( De Ruben à Benjamin en passant par Siméon et Dan)

Les rastas sont de grands mystiques et ça c'est vraiment dommage que le film ne l'aborde pas, ça lui aurait donné un plus d'âme.

Oui les concerts c'était quelque chose, une grande cérémonie nocturne avec danses et chants, une foule en transe et un Marley sautillant, tournant et sautant, envouté, qui jetait des pétards dans la foule. Vrai de vrai.

C'est contre le FC Nantes que Marley fut blessé. Son cancer progresse vite, c'est un toubib allemand (un charlatan plutôt avec de drôles de méthodes) qui le soigna en phase terminale.

Ses funérailles furent grandioses, il repose dans un caveau blanc en haut d'une colline.

https://youtu.be/7K_X4tq9Q24?feature=shared

Alors quel est l'intérêt d'un tel film ? Du pognon, vous le saviez déjà, le clan Marley a dû toucher le pactole. Et le cinéma c'est le cinéma vous connaissez puis les biopics c'est à la mode, on dirait qu'il n'y a plus d'idées chez certains réalisateurs ou alors ils les prennent au rabais. Des histoires déjà écrites et qu'on arrange à sa sauce. Le seul biopic musical qui m'a laissé une bonne impression c'est celui d'Oliver Stone sur les Doors. Dans un film comme ça je pense que le réalisateur n'a pas vraiment son mot à dire, c'est le clan du chanteur et la production qui guident. All what I need is money.

Le groupe punk qu'on voit à Londres 1977 (nous sommes au cœur du mouvement punk), c'est the Clash qui joue White riot (émeute blanche)

Source : Biographie de Robert Nesta Marley par Stephen Davis.

Daziel
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2024

Créée

le 17 févr. 2024

Critique lue 224 fois

3 j'aime

4 commentaires

Daziel

Écrit par

Critique lue 224 fois

3
4

D'autres avis sur Bob Marley: One Love

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

38 j'aime

Bob Marley: One Love
D-Styx
8

One Love, One Heart, One Destiny !

Les biopics musicaux ont bien souvent un point commun : celui d’être décriés à leur sortie, car jamais assez proche de la réalité, de la vie de l’artiste, de l’image que l’on s’en fait. Mais en...

le 12 févr. 2024

37 j'aime

6

Bob Marley: One Love
Behind_the_Mask
5

Marley et moi

Vous allez sans doute me traiter d'hérétique, surtout qu' Exodus a été désigné comme l'album du XXème siècle : je n'ai pas particulièrement le mythe de Bob Marley au coeur.J'allais donc voir One Love...

le 20 févr. 2024

17 j'aime

1

Du même critique

Un divan à Tunis
Daziel
8

Freud, ce religieux

Bien qu'imparfait ce premier film de Manele Labidi est néanmoins réussi. L'humour qui s'en dégage n'a pas déclenché chez moi d'irrésistibles fous rires hormis cette scène où l'un des personnages se...

le 15 févr. 2020

25 j'aime

Bad Lieutenant
Daziel
9

Rédemption, au delà des enfers

Bad Lieutenant avec Harvey Keitel, Zoë Lund réalisé par Abel Ferrara tous les trois junkies à l'époque où fut tourné le film (en 18 jours, décor naturel dans les rues de New-York) Les scènes de prise...

le 13 janv. 2020

24 j'aime

3

Désigné coupable
Daziel
10

Guantanamo, île de la torture, une sale histoire sans fin.

Adaptation du livre "Journal de Guantanamo" de Mohamedou Ould Slahi. Film très fort, très dur qui raconte l'Histoire vraie de Ould Slahi enlevé lors d'une fête de famille sur le sol mauritanien par...

le 14 juil. 2021

22 j'aime

5