Sans trop de surprise, l'adaptation d'Abel Ferrara de l'Invasion des profanateurs se place, qualitativement parlant, derrière les deux premières adaptations, et, bien évidement, devant celle de 2007, qui ne possède pratiquement aucun intérêt.
Le film a tout de même des qualités qui lui sont propres, de bonnes idées tout du moins. Se rapprochant davantage d'une série B que d'un blockbuster, il cantonne son action à un camp militaire, enfermant ainsi ses protagonistes dans un lieu duquel ils ne peuvent s'échapper. Forcément, les militaires étant relativement peu émotifs, leurs réactions, ou tout du moins l'absence de réaction de leur part, n'en devient alors que plus troublantes, plus suspectes. Malheureusement, cet aspect n'est pas assez bien exploité et on ne se questionne jamais réellement sur leur véritable état : le long-métrage manque bien d'une scène allant dans ce sens.
Le film exploite cependant bien son côté horrifique. Outre cette scène de la baignoire qui m'a curieusement fait penser au premier Freddy, cette adaptation de The Body Snatchers possède, selon moi, le cri le plus effrayant de toute la saga. De surcroit, les envahisseurs se montrent encore plus menaçants que dans les trois autres films, n'hésitant par exemple pas à se sacrifier afin d'arriver à leur fin ; notamment lors de cette séquence en hélicoptère dans laquelle le petit frère n'hésite pas une seule seconde à tenter de neutraliser le pilote quitte à provoquer un crash. Enfin, les envahisseurs peuvent dorénavant feinter, n'hésitant pas à donner des conseils aux protagonistes ou à adopter une voix plus calme, plus rassurante, plus « humaine » en somme, afin d'arriver à leur fin, de débusquer les vrais humains des faux.
Le film se montre d'ailleurs plutôt généreux au niveau de ses effets visuels, étant l'épisode de la saga nous montrant avec le plus de précision la manière dont les profanateurs accaparent leurs victimes. Force est de constater que pour un budget de 13 millions de dollars, les effets s'en sortent très bien… en tous cas bien mieux que les effets spéciaux de celui de 2007 qui a couté 80 millions de dollars.
Malheureusement, le long-métrage est beaucoup trop téléphoné, jusqu'au point où certaines scènes finissent par n'avoir plus aucun sens. Ainsi, après s'être fait repérer, les protagonistes restants se font aider par trois soldats sorti d'on ne sait où et qu'on ne reverra plus après ça lors d'une scène qui n'a donc aucun sens. Dans la même logique, après avoir identifié le véritable état de son daron, Marti, la protagoniste principale du film, tombe immédiatement nez à nez avec Tim, son crush… ça pour un coup de bol. Cette même protagoniste dont on aurait très bien pu se passer tant ses motivations d'adolescentes (quitter sa famille à 18 ans, sortir jusqu'à minuit…) se révèlent inintéressantes au possible.
Bref, Body Snatchers, l'invasion continue (quel titre nul d'ailleurs) se révèle intéressant pour peu qu'on accepte le côté série B. Pas le plus mémorable de la franchise, mais tout de même assez différent de ses prédécesseurs pour que l'on puisse y daigner jeter un coup d'œil.