Galileo!

Le sort est parfois taquin. Voir que Bryan Singer allait realiser un film sur l'histoire de Queen et Mercury, j'ai tout d'abord cru à une blague nulle.

Mais non, le voilà bel et bien de retour avec un biopic sur l'histoire d'un des groupes de rock les plus iconiques de l'histoire, de la rencontre de Freddy Mercury avec le reste du groupe jusqu'au concert Live Aid de 1985.

Et on le sait, Queen à un statut quasi divin aux yeux de beaucoup, il fallait donc un film à la hauteur. En plus de s'entourer des membres restants du groupe iconique, Singer devait trouver l'acteur qui séduirait les spectateurs.
Et il a choisi Rahmi Malek (Mr Robot). Le gaillard livre une prestation incroyable, un quasi sans fautes, jamais tire larmes, jamais racoleur et toujours juste.
Les autres acteurs s'en sortent aussi très bien et réussissent cet exploit de laisser à Mercury la place privilégiée qu'il avait au sein de Queen, tout en évitant de n'être que des meubles en arrière-plan et se contenter simplement de lui faire la réplique.

Il y a une véritable complicité entre tous les membres et le plaisir des acteurs est visible à l'écran. Le film se déroule avec un bon rythme et sans trop de longueurs.
Différents aspects de la vie de Mercury sont abordés : son mariage, son groupe, ses passages à vide, ...
Et surtout le film a la pudeur de ne pas être un film sur la séropositivité. Le risque avec un tel biopic aurait été de tomber dans le pathos et le voyeurisme, mais le film, sans l'éluder, réserve au SIDA le meme sort que Mercury a son époque : ne pas en parler ouvertement. Des allusions y sont faites, mais la pudeur reste le maitre mot.
Le seul souci que j'ai avec ce qui est présenté dans ce film... C'est que c'est parfois faux. Contrairement à ce qui est montré dans le film, Mercury ne se savait pas atteint du SIDA au moment du Live Aid. Il n'est resté avec Mary Austin que quelques années (quatre pour être précis) et a fréquenté des hommes bien plus longtemps que des femmes. Brian May avait enregistré en solo avant que Mercury ne s'y mette.
Est-ce que ces approximations sont des réécritures volontaires, de la part de Singer ou des autres membres de Queen ? Je ne saurais dire. Mais cela ajoute au film un côté "négationniste" qui nuit au ressenti final.

Car il faut avouer que le tout sonne un peu "exposé lycéen". C'est réellement une biographie en images. A tel point qu'on pourrait presque le mettre en lien sur wikipedia, s'il n'y avait pas ces erreurs. Le film souffre d'un manque de recul flagrant qui témoigne de la meilleur volonté du monde, et du grand fan qu'est Singer, mais perd cruellement en ingéniosité. Plutôt que de nous montrer un biopic à la gloire de Queen, j'aurais préféré un biopic sur Queen, mais avec un angle plus intéressant. Mais je pense que ça aurait été difficile de faire autrement.

Le film se termine sur 20min de concert au Live Aid, qui a véritablement sauvé le groupe et l'a hissé à un statut quasi divin. Cette séquence extrêmement fidèle est un moment mémorable comme on en voit peu au cinéma. En revanche on pourra se questionner sur son utilité.

Car c'est peut-être aussi justement cette qualité de biopic musical, peu représenté, qui pose les limites du métrage. La biographie de Queen parlera surtout aux personnes ayant connu le groupe dans les années 80, et l'impossibilité de s'affranchir d'un cadre bien précis est, je pense, une raison pour laquelle le biopic est souvent clivant.

Mais les fans de Queen, ou simplement de musique rock, sont nombreux, et les excellents chiffres de ce Bohemian Rhapsody le montrent. Singer signe un film ambitieux, manquant parfois d'un brin de fantaisie, pas toujours fidèle mais bien réalisé.