Une semaine. Pas de règles.
Les frères Farrelly, ce sont les frères Coen de la rigolade. Depuis des années ils cumulent les succès, plus ou moins fins, allant de Mary à tout prix à L'amour extra-large en passant par Deux en un. Chacun de leurs films sont attendus avec impatience, mais est-ce que l'attente de ce B.A.T. en valait la chandelle ?
Rick (Owen Wilson) et Fred (Jason Sudeikis) sont heureux en mariage, mais comme tous les hommes, ne peuvent s'empêcher de jeter des coups d'oeil discrets lorsqu'ils croisent une belle jeune femme. Sur les conseils d'une de leurs amies, leurs femmes décideront de leur accorder un B.A.T., un bon à tirer, soit une semaine de liberté durant laquelle ils auront carte blanche pour assouvir leurs fantasmes et faire la fête comme des adolescents. Céderont-ils à leurs pulsions, ou est-ce que l'amour l'emportera ?
Ce qui nous gène avec ce B.A.T., c'est que contrairement aux précédents films des frères Farrelly, qui nous présentaient sans cesse des situations absurdes (un flic schizophrène, des jumeaux conjoints, un type qui perçoit les personnes selon leur beauté intérieur, etc), ils nous servent à l'inverse cette fois-ci quelque chose de très bateau. Un Vent de folie avec Ben Affleck et Sandra Bullock se montrait assez proche, mettant à rude épreuve les liens du mariage, tout comme American Pie 5 (The Naked Mile) dans lequel un étudiant se voyait offrir un week-end de liberté. Certes ces films étaient loin de faire l'unanimité, et il était donc tout à fait envisageable que les frères Farrelly puissent en faire leur propre interprétation. Malheureusement, tout comme les autres, B.A.T. n'apporte strictement rien, aucun fond sympathiquement moralisateur comme les frères en sont capables, et pire, la rigolade se montre sporadique. On se marre relativement bien durant la première demi-heure, les blagues tournant la gante masculine en dérision, faisant aussi bien rire les hommes que les femmes, puis après la fameuse semaine commence, et là c'est la dégringolade, les frangins semblant incapables de trouver comment la meubler. On rigole de ci de là, entre autre grâce à des blagues faciles avec des space-cakes, mais globalement, on s'emmerde. Galerant comme c'est pas permis, les comparses nous placeront quelques joyeusetés, comme un pénis de black bien cadré, puis celui d'un blanc, ce qui risque de faire bondir les parents étant venus avec le reste de leur famille (mon cas).
Comme pour boucler la boucle, les frères nous servent leur plus gros gag durant le générique de fin, renforçant l'impression « c'est bien au début, c'est plus ou moins bien à la fin, mais y'a rien au milieu ».
Bref, Bon à Tirer est soit une erreur de parcours, soit la cloche qui sonne le glas de la verve des frères Farrelly, mais dans tous les cas c'est une satire un peu foireuse sur le mariage, qui plus est trop longue, et qui aurait gagné à être raccourcie d'une bonne trentaine de minutes. On ne retrouve d'ailleurs pas les éléments qui leur étaient jusque là très chers, comme le casting de seconds rôles mettant en place des gens extraordinaires (le terme politiquement correct pour désigner les déficients intellectuels et handicapés moteurs) et autres touches d'humanisme qui donnaient à leurs réalisations un cachet unique. D'ailleurs hormis Owen Wilson, peu inspiré, le reste de la distribution ne nous propose rien de bien excitant, si ce n'est Jason Sudeikis, qui profite de sa co-tête d'affiche pour s'éclater. On aura néanmoins plaisir à retrouver Christina Applegate, très discrète, et que l'on avait guère remarqué depuis Ron Burgundy.
Pour conclure, les moins exigeants devraient réussir à se contenter de ce qui leur est proposé, et encore. Les fans du duo risqueront en revanche d'être amèrement déçus, l'oeuvre manquant bien trop de fantaisie pour marquer les esprits.
Mention spéciale pour Stephen Merchant, second rôle en charge de jouer le plus loufoque, façon Tom Green, réussissant à nous décrocher quelques bons sourires, et plus particulièrement durant le générique de fin.