Grandeur et décadence d'un jeune homme, entré dans le monde du porno grâce à ses capacités physiques hors du commun dans les années 1970, jusqu'à l'arrivée de la vidéo et de la poudre dans les années 1980...
Deuxième film de Paul Thomas Anderson (réalisé à seulement 26 ans !), celui-ci montre un regard bienveillant sur le porno des années 1970, qui est montré comme joyeux, débridé, et où le plaisir semblait passer avant tout. On suit cette époque grâce à Dirk Diggler, joué par Mark Wahlberg, qui est mitan de ces deux décennies, qui passe de quelqu'un de candide au départ, avec un père (Burt Reynolds) et une mère (Julianne Moore) de substitution pour s'enfoncer dans ce que cet univers a de plus sordide, et finir sur une rédemption. Car on voit bien l'amour que PTA porte à ses personnages, qui sont soit des paumés, des marginaux, mais qui ont tous en commun de vivre ensemble comme une fête qui ne s'arrête jamais et que le 1er Janvier 1980 va sonner comme la fin de la récréation.
C'est un film que j'ai beaucoup vu et revu car c'est non seulement d'une perfection technique hallucinante, mais aussi un univers, une ambiance, des sons, que je voudrais voir prolongés.
Il y a également une influence manifeste des films de Robert Altman, avec cet aspect choral, mais aussi dans la présentation des personnages où, via cet extraordinaire plan-séquence de trois minutes au tout début, on connait déjà les personnages principaux avec qui on va vivre durant plus de 2h30.
Le casting est aussi une de ses forces, avec, outre Wahlberg, Burts Reynolds, Julianne Moore, William H Macy, John C Reilly, Heather Graham, Don Cheadle et le touchant Philip Seymour Hoffman.
On les voit bien tous fracassés par la vie, et qui ne retrouvent au fond qu'un palliatif par le porno. Où on voit d'ailleurs le tournage de scènes X, mais qui ne sont jamais vulgaires, passant du 16 mm des seventies au format vidéo des eighties. En fait, on pourrait faire de chaque personnage un film à part entière ; un acteur marqué au fer rouge du fait qu'il tourne dans le X, un cameraman qui n'assume pas son homosexualité, une actrice qui assume de faire des films cochons, l'assistant réalisateur qui voit sa femme se faire sauter par tout le monde et qui bout intérieurement....
Enfin, une autre chose qui me fait un grand bien ; c'est la musique, qui reprend plusieurs titres disco de cette époque, un vrai juke-box orgasmique à mes oreilles.
Avec un chef-d’œuvre par décennie, There Will Be Blood dans les années 2000, Phantom Thread en 2018 et celui-là en 1997, Paul Thomas Anderson est ce qu'on appelle un véritable génie. Peu importe si Mark Wahlberg et Burt Reynolds ont exprimé leurs regrets d'avoir joué dans Boogie Nights, c'est un film tellement foisonnant, tellement riche... Tout simplement immense.