Eddie Adams, alias Dirk Diggler, alias Broke Landers, 33 centimètres.


C'est sur cette révélation que s'achève le premier "long-mettage" de Paul Thomas Anderson (pour une fois que je peux spoiler une scène finale, d'un assez mauvais goût il faut bien l'admettre mais somme toute des plus cohérentes) ; Mark Wahlberg incarnant ce jeune homme sévèrement burné, mais légèrement teubé si l'on excepte ses quelques bonnes idées professionnelles. Un rôle lui allant comme un gant, à défaut de présos...


Fin des années 70, dans une ambiance disco des plus funky, le réalisateur pornographique Jack Horner (Burt Reynolds) vient débaucher le jeune Eddie, serveur à la mère castratrice et à la réputation "grandissante" compte tenu de son avantageuse excroissance. Des voyeurs le payent même à jouer les onanistes, en notre absence dieu merci, mais on se demande déjà devant quel film on vient de s'installer... Tirant à peu près la même tronche que les mecs découvrant l'anatomie du jeune homme.


Ce-pendant, la BO de ouf et la mise en scène de qualité font qu'on ne se laisse pas formaliser par l'originalité graveleuse du concept. Et on fait bien, parce que très vite PTA réussira le tour de force de nous dépeindre des personnages (acteurs, actrices, techniciens, etc.) HUMAINS, avec leurs failles et leurs manques affectifs, sans jamais les mépriser compte tenu de l'industrie à laquelle ils participent - ce qui ne sera pas le cas de la société américaine les empêchant chaque fois d'en sortir... Et finalement, on s'attachera à pas mal de ces personnages égarés (le couple, Scottie, Maggy, etc.) - issus d'un casting typiquement Andersonien. <3


Au programme donc : du cul, de la dope, du cul, du pognon, du cul, du sang, du plaisir et de la souffrance. L'une des forces du film étant sa capacité à passer du registre comique (la parodie de série notamment) au registre dramatique (le mari trompé ; le bastonnage + Rollergirl). Tiens, puisque j'en en parle : <3 Heather Graham <3 .
Par ailleurs, la scène du premier tournage m'a carrément fasciné : la manière dont PTA filme les caméras en train de filmer s'avère assez somptueuse.
Evidemment, Eddie/Dirk deviendra par la suite le king du porno, avec toutes les dérives associées ; devenant une sorte de JCVD du X et de la chanson avant l'heure, et avant de vivre la traditionnelle petite descente aux enfers...


Au bout du comte... si Boogie Nights possède un gros paquet (...) de qualités, avec quelques moments très forts/émouvants et d'autres assez drôles (pourvu qu'on ne soit pas coincé du cucul), la dernière partie ne s'avère quant à elle pas exempte de tout reproche, en raison notamment de 2-3 scènes trop peu crédibles (la pâtisserie, le deal wtf).
M'enfin ces presque 2h30 en roues libres à la Rollergirl passent à une vitesse folle, et on n'en ressort bien plus comblé que vidé, contrairement à ce qu'on aurait pu penser ! :)

RimbaudWarrior

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9
2

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