Chronique de la pègre marseillaise dans les années folles

Inspiré par l'histoire des véritables gangsters marseillais Carbone et Spirito, Borsalino n'est pourtant pas un film historique sur les activités de cette pègre qui dans les années 30 avait fait de cette grande ville méditerranéenne une sorte de Chicago française. La véritable attraction était de réunir Belmondo et Delon (qui a co-produit le film) qui étaient à l'aube des années 70 les 2 plus grosses vedettes commerciales du cinéma français, c'était très rare de voir ça à l'époque en France, aujourd'hui c'est devenu plus courant, et de toute façon il y a peu d'acteurs ayant de nos jours l'aura légendaire qu'avaient ces deux-là...
On les avaient pourtant vus dans au moins 2 films, dont Paris brûle-t-il?, mais ils n'avaient fait que se croiser, tandis que là ils étaient face à face, et quel face à face ! Surtout qu'on les disait rivaux, opposés, se détestant cordialement, alors qu'il n'en était rien, les 2 stars étant très amis. L'opération fut donc portée par une énorme campagne publicitaire, et le film récolta un très beau succès, qui incita Jacques Deray à signer une suite, Borsalino & Co.
Cependant, Deray dans sa mise en scène, a dû jouer fin pour ne pas avantager l'un plus que l'autre afin de ne pas froisser l'égo de ses 2 vedettes ; on a raconté plein d'anecdotes amusantes là-dessus, si tant est qu'elles soient vraies, je m'en souviens encore, j'étais encore un gamin mais je lisais ça dans les colonnes de Ciné-Revue, comme le fait qu'ils devaient avoir le même nombre de scènes, et aussi que leurs noms sur l'affiche et au générique apparaissent côte à côte...
Ceci dit, le film fonctionne bien non seulement grâce au charisme de ses 2 vedettes, mais aussi grâce au reste du casting constitué d'excellents seconds rôles, et surtout au soin de la reconstitution d'un Marseille folklorique des années 30, dans les décors, les costumes, les voitures, le tout donnant un aspect pittoresque charmeur qui relança d'ailleurs en France la mode rétro. A ceci s'ajouta l'entrainante musique de piano bastringue de Claude Bolling, devenue très célèbre, un certain style alerte, et il y avait aussi une bonne histoire. Alors certes, Delon et Belmondo phagocytent un peu le film, mais ça reste avant tout un bon divertissement, je l'ai vu la première fois en VHS dans les années 80, puis revu après bien des années lors d'un passage télé, et ma foi, je trouve même que c'est devenu une sorte de classique français.

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le 2 déc. 2018

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