C'est quelque chose, quand même, le 7e art ! Quand on voit certains films, on regrette presque que le cinéma n'ait que 150 ans, et on se meurt rien qu'à l'idée que des milliers de chefs-d'œuvre nous échapperont quand on pourrira dix pieds sous terre...

Avec d'autres "films", en revanche, c'est différent... On regrette, par exemple, qu'Auguste Lumière n'ait pas assassiné, enfant, son frère Louis avant de se pendre, qu'Eadweard Muybridge ne soit pas mort écrasé par son cheval, que le train en gare de la Ciotat n'ait pas déraillé et que les Nazis n'aient pas foutu le feu au Grand Rex...

"Bowling" fait partie de cette deuxième catégorie de films. Celle qui fait regretter l'invention du cinéma. Mais comment, après plus d'un siècle d'écriture de scénarios, d'ouverture de milliers d'écoles de cinéma, peut-on accoucher d'une telle monstruosité ? Une critique constructive de ce film exigerait, au moins, la présence d'un point positif dans ce film : mais où se trouve-t-il ? L'idée de base du film est pourtant vaguement intéressante : une DRH fraîchement débarquée de Paris a pour douloureuse mission de restructurer le personnel d'un hôpital de campagne, dans la perspective de la fermeture du service Maternité... Voilà le topo.

Alors que cette idée de base aurait pu donner lieu à une peinture sociale sur la disparition des services publics dans nos campagnes, au chômage galopant, au combat des "petites gens", avec une petite touche de vernis d'humour et de comédie, quel est le résultat ?

Je ne sais par où commencer, d'ailleurs, cette critique est à l'image du film : elle ne ressemble à rien.

Quel manque de finesse dans les dialogues... Acculés, les acteurs (enfin, surtout les actrices, en l'occurrence) font (malheureusement pour certains) ce qu'ils peuvent, avec ce qu'on leur donne, à savoir de la sous-marque de croquettes pour chats : non, non, il ne suffit pas de donner à Catherine Frot l'éternel rôle de la bourgeoise candide qui pose ses escarpins dans un champ de bouse pour réussir un film ! Non, le jeu d'actrice "Brut de Pomme" de Mathilde Seigner ne donne pas toujours du relief et un soupçon fadase de spontanéité aux pires comédies qu'il soit !

Quant à Firmine Richard, quelle subtilité, quel rôle ! "Firmine ? Youhou, Firmine !!! C'est bon, on t'a trouvé un rôle de grosse Antillaise, oh et pis ton personnage s'appelera... Firmine, c'est suffisamment exotique comme ça, d'ailleurs, ton rôle l'est tout autant !". Son rôle, parlons-en : à part remuer du popotin, à sortir "bite", "cul" et "trou" à chaque réplique, je n'ai pas vu grand-chose... À part peut-être la SEULE séquence vaguement émouvante du film, dans sa maison, pleurant aux côtés de son mari (je ne vous spoile rien du tout, les gars, cette scène n'ayant absolument rien à voir avec le "scénario", si l'on peut employer ce mot).

Enfin, les clichetons... Alors oui, je sais, je suis Breton, mon opinion est forcément biaisée sur le sujet, mais quand même... Comment peut-on encore placer un magistral "Ah, quand on dit que les Bretons sont têtus, hein..." et un superbe "En Bretagne, il pleut que sur les cons" dans un film du XXIe siècle ?!? Vivement le réchauffement climatique, tiens. "Plus Belle la Vie" à Carhaix : France 3 Bretagne l'a rêvé ? Mention-Schaar l'a fait !

Et je ne parlerais pas de la séquence "affrontement mère catho vs. fille athée", qui se termine par (je vous le donne en mille) une réconciliation sous le regard bienveillant de notre Seigneur Jésus qui Crie.

Vous l'aurez compris, cette critique n'a rien de constructive : impossible, face à un film qui n'a rien de construit.

Vous noterez également que je n'ai pas parlé du bowling : franchement, il vaut mieux pas.
Jaune
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le 15 août 2012

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le 15 août 2012

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Jaune

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