Quatre ans après l’Armée Brancaleone, Monicelli retrouve le truculent Vittorio Gassman pour un nouveau tour de piste de bouffonnade médiévale.
Toujours aussi concaincu de sa grandeur, notre héros met enfin en branle son voyage vers la Terre Sainte, constituant une nouvelle équipée de bras cassés, constituée d’un estropié, d’un aveugle, d’un germain, d’une sorcière sexy, Tiburcie de Pelocce, (Stefania Sandrelli aussi amusée que son partenaire), d’un nain, d’un gueux sado maso se couchant dans les orties et embrassant les lépreux, et d’un lépreux masqué qui s’avèrera une princesse blonde et suave.
C’est toujours aussi délirant, et la parodie de la tonalité solennelle des épopées fonctionne le plus souvent, lors d’une traversée de la mer qui dure 1min30 et se révèle un lac, de combats les yeux bandés ou la tête en bas ou de toutes les piques envoyées à la papauté et les divers fanatismes. Sans oublier une séquence d’une bonne vingtaine de minutes entièrement rimée.
Le film semble avoir bénéficié de moyens supplémentaires : cascades, figurants, décors prennent de l’ampleur. Et c’est justement cette dernière qui épuise un peu. Une comédie, on le sait, brille souvent par sa densité et les plus courtes sont les meilleures. Reconnaissons que deux heures pour un tel film, c’est bien longuet. Quand il s’aventure dans des passages un peu plus sérieux (comme la chanson sur l’intolérance face à l’arbre des pendus par exemple) ou s’étire dans des danses bouffonnes proches de la commedia dell’arte, le film reste certes sincère, mais fatigue un brin.
Il n’en demeure pas moins que quelques années avant les Monty Python, Monicelli a trouvé un registre qui fit beaucoup d’émules, et que ce retour aux sources nous permet d’apprécier une verve comique italienne qui semble aujourd’hui révolue.
Sergent_Pepper
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Comédie, Historique, Guerre, Satirique et Vus en 2014

Créée

le 14 oct. 2014

Critique lue 597 fois

13 j'aime

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 597 fois

13

D'autres avis sur Brancaleone s'en va-t'aux croisades

Brancaleone s'en va-t'aux croisades
Alligator
6

Critique de Brancaleone s'en va-t'aux croisades par Alligator

Un peu déçu. La plus grande partie du film me parait superflue. J'entends par là que le premier film avait déjà montré tout cela. Je m'attendais à une extension du domaine de la folie avec ce...

le 23 janv. 2013

4 j'aime

Brancaleone s'en va-t'aux croisades
estonius
8

Un gros délire à l'état pur, mais du délire intelligent

Un gros délire à l'état pur, mais du délire intelligent. Le moyen âge présenté l'est sans aucune complaisance, loin des clichés à la mode et tout le monde en prend pour son grade y compris et surtout...

le 24 déc. 2018

2 j'aime

Brancaleone s'en va-t'aux croisades
MerrimanLyon
8

Pas trop héroïque fantaisie

Grâce soit rendue à Arthur H. qui, lors d’un Étrange Festival d’il y a quelques années (et auquel il n’avait pas pu se rendre, coincé à la gare depuis laquelle il enregistra tout de même un message...

le 26 mars 2023

1 j'aime

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

766 j'aime

104

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

701 j'aime

54

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

615 j'aime

53