C'est beau, c'est fun, c'est visionnaire, c'est Gilliam ... mais gare à l'indigestion !!!

Je vous explique le pourquoi du comment de ma note : j'ai mis 6/10 (et peut etre qu'après un second visionnage je mettrai 7, mais pas plus je pense).
Brazil est un film plein de qualités, son univers futuriste imaginé par Gilliam est très crédible et créer une réelle ambiance rarement vu dans le cinéma (un peu comme dans Blade Runner qui pour moi est une référence en la matière). Notre acteur principal, Jonathan Pryce, et vraiment très bon, il incarne le personnage avec beaucoup de naturel et un certain charisme; il fait également preuve d'une large palette d'émotions dans le film. Autre point positif, le rythme et l'histoire du film qui s'accélèrent au fur et à mesure qu'on progresse, et c'est tant mieux puisque ça permet quand même de ne pas trop perdre le spectateur en route du fait de ses défauts dont je reparlerai plus tard. Le gros plus du film c'est évidemment toutes les influences et les références aux multiples oeuvres (livres et films compris) qui y sont faites, sans entrer dans les détails (vous les découvrirez par vous même). Enfin, ce film fait preuve d'une critique du conformisme et du système divinement juste et effrayante à la fois, utilisant à certains moments le burlesque pour souligner les absurdités.
MAIS voilà, le film a aussi des défauts : à commencer par son lot de scènes inutiles, appelez ça gags ratés, qui devaient être drôles au départ et qui deviennent ridicule (**SPOIL : la scène de l'invitation chantée par la femme, ou encore les combi de nos deux réparateurs qui se remplissent de merde)**
Deuxième point négatif ... c'est qu'a force de mettre des références partout et de multiplier les situations qui n'ont parfois ni queue ni tête (ce qui n'est pas une mauvaise idée à la base), on a l'impression d'assister à une gigantesque parodie, un film pastiche ... et c'est le reproche que je fais à Gilliam sur ce film là : à vouloir rendre hommage à trop d'oeuvres à la fois, il en perd son authenticité et son génie. Car pour moi ce procédé peut paraitre à certains moment comme un manque d'inspiration et un manque de confiance en ses propres capacités de réalisateur : le fait d'aller chercher des idées dans des oeuvres et des films "cultes" et les réarranger à sa sauce, certes c'est brillant par moment, mais c'est surtout un prétexte pour se dire que son film ne peut pas être de la merde avec toutes ces choses .... d'où ma maxime : "Trop de références tue les références" !
Autre point noir : l'actrice principale qui n'a le nom de principale que parce que c'est elle qu'on voit le plus à l'écran ... et avec tout ça je l'ai déjà oublié, c'est dire si elle a été plus que transparente. Alors que c'est elle qui fait partie des rêves et qui représente le désir de notre cher Sam, à la fin du visionnage on aura beaucoup plus retenu la mère et sa chirurgie esthétique, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. Deuxième point sur les acteurs, les seconds rôles sont inégaux et pas très bien choisi dans leur emploi : néanmoins j'attribue le bon point à Robert de Niro qui malgré un rôle qui ne sert à rien, arrive à nous faire passer la pilule plus facilement.
Ensuite il y a la musique : alors certes l'ensemble de la composition se mélange plutot bien au film ... mais je cris un peu au scandale (pas trop fort non plus) parce que le si magnifique morceau "Brazil" d'Ary Barroso dans ce genre de film, fallait osé, et à l'arrivée ce n'est pas une franche réussite puisque l'air léger de cette mélodie ne colle pas pour moi à l'atmosphère générale qui se devait d'être beaucoup plus grave ... alors certes il y a les moments de rêves ... oui mais l'emploi de ce morceau pendant 1/4 du temps ruine un peu l'univers géniallissime du film.
**SPOIL -->. Puis arrive la 37ème minute du film où je me suis énervé tout seul devant mon écran ... la cause ? Un problème de feuilles (au passage je crois que Gilliam a eu un problème avec le papier quand il était petit, tellement il y en a dans le film ^^) ... cette 37ème minute donc est l'occasion pour notre personnage Sam, alors qui se trouve chez son boss, de faire une bonne action et d'aller donner un chèque à la veuve ... il demande donc à Mr. Kurtzmann de signer la feuille bleue et la feuille rose qui sont des reçus ainsi que le chèque ... ce dernier ne peut le faire à cause de son poignet et c'est Sam lui même qui signe le chèque à sa place et qui s'en va avec les 2 autres feuilles à la main .... BORDEL et la feuille bleue et rose on ne les signe pas ???? (ça m'a rendu malade pendant 5 minutes cette affaire) *****
Enfin, la fin du film relève pour moi du Grand Guignolesque (les 20 dernières minutes), un peu à la façon Blues Brothers mais en moins bien, beaucoup moins bien. Cette dernière partie du film épuise, achève le spectateur, fait redescendre la bonne note qu'on voulait mettre ... et malgré que les 30 dernières secondes nous donnent une explication à tout ça (Sans trop spoiler), c'était visiblement pour moi un délire de trop dans une réalisation deja bien délirante.
Pour résumer : ce film qui était au départ très prometteur, a pour moi à l'arrivée, sans parler de gâchis, un certain gout d'inachevé. Si certains qualifient Brazil de "chef-d'oeuvre", et je peux largement les comprendre, pour ma part je suis vraiment resté sur ma faim, la mayonnaise n'a pas complètement pris et j'ai fait une légère indigestion à l'excessivité de la réalisation de Gilliam !

PS : Je pense que si le film avait été réalisé 10 ans plus tard, à la meme époque que l'Armée des 12 singes, on aurait eu droit à plus de maturité et de maîtrise (avec un budget plus important aussi) ... mais ça on ne le saura jamais =)
Joffré_Graglia
6
Écrit par

Créée

le 2 mai 2014

Critique lue 584 fois

4 j'aime

Joffré Graglia

Écrit par

Critique lue 584 fois

4

D'autres avis sur Brazil

Brazil
Sergent_Pepper
8

Rétro, boulot, barjots

Brazil est saturé d’écrans : de surveillance, de divertissement jusque dans la baignoire, ou illicites dans les bureaux. Brazil sature l’écran, et l’affirme avec force dès son prologue qui voit une...

le 21 sept. 2014

182 j'aime

17

Brazil
Alexis_Bourdesien
9

Welcome en dystopie

Brazil, film de l’ancien Monty Python Terry Gilliam (Las Vegas Parano ou encore l’armée des 12 singes), réalisé en 1985 son premier grand film (et même le plus grand de sa carrière ?), relate...

le 20 mars 2013

134 j'aime

15

Brazil
Torpenn
9

Un Kafka de force majeure

Je ne me souviens plus combien de fois j'ai pu voir Brazil dans ma vie, je sais juste que là ça faisait bien sept, huit années de jachère et que c'est bien pratique pour avoir l'impression de...

le 21 févr. 2011

122 j'aime

62

Du même critique

Brazil
Joffré_Graglia
6

C'est beau, c'est fun, c'est visionnaire, c'est Gilliam ... mais gare à l'indigestion !!!

Je vous explique le pourquoi du comment de ma note : j'ai mis 6/10 (et peut etre qu'après un second visionnage je mettrai 7, mais pas plus je pense). Brazil est un film plein de qualités, son univers...

le 2 mai 2014

4 j'aime

La Chute de la maison Usher
Joffré_Graglia
6

Ça chute ... la note aussi, mais pas trop bas.

Qu'il est difficile aujourd'hui de juger à sa juste valeur un film datant des années 1920 ... je trouve que la plupart des gens sont indulgents (trop?) avec les réalisations de cette époque, mais...

le 5 mai 2014

1 j'aime