Bug est un choc, autant sur le fond que sur la forme.


Dès le départ, Friedkin installe une atmosphère glauque avec ce plan de quelques secondes sur le cadavre d’un homme, gisant dans son sang sur le sol d’une pièce aux murs recouverts d’aluminium.
Qui ? Pourquoi ? Comment ? Réponse dans une heure et quart environ.


Puis cette séquence, ou l’on survole l’endroit désolé ou vit Agnès, un peu comme à bord d’un hélicoptère, se rapprochant doucement du motel et pénétrant finalement dans la chambre de la jeune-femme. Chambre qui sera le théâtre de ce huis-clos halluciné et hallucinant, justement inspiré d’une pièce, comme le démontre le choix d’un lieu quasi unique et du nombre restreint de personnages. Deux personnages principaux originaux, loin des clichés habituels ce qui les rend de suite attachants malgré leurs défauts.


Une plongée en eau trouble que ce film. Plongée dans la paranoïa, la folie, sans jamais prendre de parti pris, Friedkin, au moyen d’une réalisation virtuose donne très peu de réponses , quelques indications tout au plus et laisse le spectateur se forger sa propre idée. On ne pourra jamais démêler le vrai du faux dans les dires de Peter, cet homme inquiétant et gentil à la fois… Au fur et à mesure s’installe le doute : ces coups de fil anonyme du début, peut-être étaient-ce déjà des hallucinations d’Agnès ? Y a-t-il jamais eu un seul insecte dans cette chambre ? Le bruit omniprésent des pales du ventilateur, ce téléphone qui ne cesse de briser le silence de sa sonnerie stridente… Tout contribue à rendre l’atmosphère oppressante.


Quant à l’interprétation parfaite des deux acteurs principaux, c’est le point fort du film car il est rare de voir la folie (ici parfois furieuse) bien jouée sans tomber dans l’exagération et le ridicule (un magnifique exemple nous en est donné dans « A dangerous method », merci à Keira Knightley). Le réalisateur a eu la brillante idée de garder, pour incarner Peter, Michael Shannon, qui l’interprétait déjà au théâtre et mention spéciale à Ashley Judd, parfaite en jeune-femme paumée, un peu alcoolique, succombant totalement à la paranoïa de son partenaire, mais profondément touchante.


Une fin énigmatique et choquante, à l'image du film, fait que l’on se pose des questions... L'on ne sait pas que croire, où jusqu'à quel point et l'on pense au film, longtemps encore après la fin du générique, ce qui, pour moi, est un gage de qualité.

Pravda
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le 31 oct. 2012

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Pravda

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