Burning est un thriller poétique du cinéaste coréen Lee Chang-Dong. En compétition officielle lors du 71ème festival de Cannes, il reçoit le Prix Fipresci de la critique internationale. Des Cahiers du Cinéma, à Télérama en passant par Positif, Libération, une majorité des critiques saluent la qualité de l’oeuvre.
En effet, il y a quelque chose de particulier dans Burning. Une poésie et un mystère entourent le récit et l’esthétique même du film.
La scène dans laquelle la jeune Haemi, interprétée par Jeon Jong-seo (pour son premier rôle), danse, seins nus, dos aux deux jeunes garçons est à la fois éloquente et incertaine. À quelques centaines de mètres de l’endroit où se trouvait la maison de son enfance, proche de la frontière nord-coréenne, elle rit et elle pleure à la fois, torturée par un mal invisible. Elle n’est que silhouette dans le paysage, une masse noire, en mouvement. Cette virtuosité esthétique parcourt le film.
Malgré quelques lenteurs inutiles, cela fait la force du film. Le récit et plus particulièrement le personnage d’Haemi soulève plusieurs questions sans réponses. Ces dernières n’ont d’ailleurs pas d’importance. D’après l’aveu du réalisateur, dans la nouvelle Les Granges brûlées d’Haruki Murakami (dont est adapté le film) “il ne se passe rien”. Et bien, c’est aussi le cas dans le film. Nous devons alors faire appelle à notre imagination pour imbriquer les pièces du puzzle cinématographique les unes entre elles sans jamais parvenir à reconstituer l'entièreté.
Le feu, ardent, est central. Ben (Steven Yeun), un garçon fortuné, est fasciné par la pyromanie. Mais, ce feu n’est que métaphore. Métaphore de la passion qui parcourt les trois personnages, voir qui les consume. C’est la passion amoureuse, du corps, la passion meurtrière aussi.
On regrette principalement une chose dans ce film : l’incarnation de ces trois personnages. Pas tout à fait sincère, juste et spontanée… Ou peut-être n’est-ce que l’expression d’un certain malaise inhérent à la fiction ?