Le réalisateur de ce doc de 2019, Jean-Claude Missiaen, a aussi réalisé le film 'Tir Groupé' de 1982, où j'avais justement été surpris par une frappante photo géante chez Gérard Lanvin de déjà Burt Lancaster (se retournant sur un cheval).
Le doc est bien plus riche que les quelques remarques qui suivent.
Il m'a fourni pour des années de pistes à suivre tant je ne connaissais pas tous les noms cités, notamment de scénaristes et cascadeurs:
- un hommage aux vraies cascades, cascadeurs et maitres d'arme&de combat (cités).
- le doc n'est habilement pas que chronologique.
- The Killers/Les Tueurs de Robert Siodmak: "John Huston, non crédité au générique, est celui qui invente le passé du personnage" (non précisé dans "la nouvelle d'Hemingway").
- Les Traqués/Kiss the Blood Off My Hands de Norman Foster : "a été découpé par Robert Siodmak, non crédité" au générique.
- Lancaster, soldat pendant la Seconde Guerre Mondiale, est viré/dégradé car il s'oppose à un supérieur en Sicile se comportant mal "avec un musicien juif".
- enfant, dans les quartiers déshérités cosmopolites de New-York, au sein d'une sorte de Maison des jeunes et de la Culture, il a beaucoup lu et est devenu très sportif: notamment un remarqué joueur de basketball car ado, il mesure déjà 1m82. Déjà désireux d'indépendance, il s'est financé enfant en étant, entre autres, cireur de chaussures et livreur de journaux "avant d'aller à l'école". (Jeune, il a un regard à la Bernard Lavilliers?).
- suite à un stage et mentoring par un acrobate Suédois connu ("Curly Brent"?? dont je ne trouve pas d'infos supplémentaires), il devient circassien, acrobate, athlète: "payé 3 dollars par semaine".
- plus tard, il s'auto-produira le plus qu'il peut lui-même et gardant toujours un pied dans le commerce des grands studios, il aurait toujours réussi à jouer "ce qu'il veut, toujours réussi à choisir". Sauf après l'échec commercial (mais pas critique) du Grand Chantage/Sweet Smell of Success: sa fille explique qu'il a tenu à "repayer toutes les dettes à chacun" et a fait "5 films" pour cela.
- il aurait ainsi pu joué gratis notamment pour Liliana Cavani (dont je ne connaissais que son excellente version de Ripley de Patricia Highsmith avec John Malkovich): dans "La Peau", un film avec Marcello Mastroianni, sur justement "un officier italien de liaison auprès des Alliés en 1943". (période et lieu que Lancaster avait donc vécus&connus)
- gratis pour Complot à Dallas/Executive Action, "coécrit par Dalton Trumbo" remettant déjà en question la "version officielle de l'assassinat de J.F.K" (avant le Oliver Stone).
- gratis pour Le Flic se rebiffe/The Midnight Man: sur un "ex flic en disgrâce devenu gardien de nuit qui se battra contre une corruption"???
- il n'est pas content quand un film qu'il adore, trouve "bien écrit", et qui a de bonnes critiques, est saboté par une "mauvaise distribution": Winchester et Jupons court/Cattle Annie and Little Britches. Où, bien avant le 'Presque célèbre/Almost Famous' de Cameron Crowe, deux ados fans de voyous hors-la-loi, qui se font des films dans leur tête, rencontrent un vrai et sont alors très déçues de la réalité, mais elles décideront de l'aider??? Avec John Savage, Rod Steiger mmm
- ces deux groupies sont peut-être un peu ce qu'était Lancaster plus jeune avec son meilleur ami, un Nicolas Cuccia?...Jean-Claude Missiaen explique qu'il est devenu "Nick Cravat" qui délaisse la boxe: ils fabriquaient leur propre numéro de cirque amateur avant d'en rejoindre un. Ils se refaisaient des films et cascades de Douglas Fairbanks (comme Nicolas Cage se refait des films avec son ami Sean Penn dans Moissons de Printemps ou dans Un Talent en Or massif) .
- bien avant Dwayne Johnson dans Skyscaper, Burt Lancaster a joué un unijambiste dans une sorte de Gangs of New-York sur scène?...Knickerbocker Holiday, où il joue un personnage qui règne (ou veut régner?) sur New York, faisant face à une autre sorte de mafieux, joué justement par Frank Sinatra. (Je découvre que c'est une pièce sur "l'histoire de New-York", que Lancaster a repris le rôle au père de John Huston, Walter; et que ce Knickerbocker Holiday est sur "musique de Kurt Weil").
- je découvre que ce Knickerbocker Holiday avec un Di Caprio unijambiste tout le long, a été écrit par un Maxwell Anderson, auteur de Key Largo et co-auteur de Ben-Hur et d'une pièce appelée Candle in the Wind (donc bien avant le tube d'Elton John)..
- Le Vent de la plaine/The Unforgiven de John Huston: c'est en le voyant dans ce western que Luchino Visconti pense "enfin" à cet acteur pourtant Américain pour jouer le noble sicilien dans son Guépard. Je n'ai plus la phrase exacte mais j'ai beaucoup aimé le ton et la manière dont il me semble ce Jean Claude Missien sous entend qu'il était temps et que c'était évident.
- à la fin du doc, j'apprends que ce Jean Claude Missien a été très ami et proche de Burt Lancaster (et de Jean Gabin); sans doute est-ce pour cela que, lui, avait vu "en Burt" le potentiel de jouer la classe et le personnage du Guépard bien avant Visconti.
- (en fait , j'ai revu le doc et j'avais raté et oublié que dés le début, Missien explique bien avoir été son "attaché de presse" pendant 10 ans...info que j'avais sans doute zappée car trop proche de l'info démente pour moi que Lancaster avait déjà "42 ans" quand il a financé et lancé le film Trapèze, énorme succès, où il joue sans doublure et fait toutes les cascades).
- au contraire de tous les membres de SC, je ne savais pas Le Guépard a aussi été un énorme succès en Europe mais un bide calamiteux aux Etats-Unis où il avait été "remonté, mal doublé"..."Avec sa grosse moustache, on ne reconnait même pas Lancaster", un commentaire de mon niveau d'analyse, mais pourtant commis pas Darryl Zanuck!
- mon passage préféré du doc précise que c'est le dévouement et la passion acharnés de cinéphiles et critiques qui feront que Le Guépard ressortira "en 1972 dans sa vraie version" : j'ai reconnu le nom de Pauline Kael, Richard Rode?, Rex Reed (83 ans en 2022; très provoquant et dur critique que je découvre; qui serait sans doute viré de SC et ferait passer Eric Neuhoff pour une enfant de choeur LGBTQ+ woke).
- je découvre aussi alors le critique Charles Champlin (blessé pendant la Seconde Guerre Mondiale).
- Orson Welles devait jouer Le Grand Chantage/Sweet Smell of Success d'Alexander Mackendrick mais il "déclare forfait" juste avant le tournage. (L'extrait dans le doc me rappelle que c'est encore une n-ième histoire d'un homme qui aime sa soeur, comme dans Scarface).
- je dois le revoir car je n'ai pas compris le nom d'un maître de combats aimé de Lancaster: "Charles Horvart"?
- je dois le revoir car Lancaster a fait travailler des scénaristes qui étaient sur liste noire pendant la chasse aux gens de gauche sous le Maccarthysme (qui revient à la mode): et le doc en cite accompagné d'un beau montage-hommage, mais trop alors rapide pour moi...dont un Roland Kibbee.
- je l'ai revu et ai enfin compris les autres noms chassés par la commission anti-gauche et défendus par Lancaster: il a fait travaillé un "Walter Bernstein" (mort en 2021 à 102 ans; auteur aussi du Prête-nom et Annie Hall), Waldo Salt (Serpico, Macadam Cowboy), Ben Maddow (Le vent de la plaine; la série Les Incorruptibles), Leonardo Bercovici (Les Rues de San Francisco/L'homme de fer).
- Missien rend aussi hommage à la caméra d'un "Fran(k)z Planer aux plans d'anthologie", "redécouverts et défendu par la critique" par le film, CRISS CROSS (Pour toi j'ai tué). Directeur photo aussi "de 20 000 lieues sous les mers et Le Vent de la plaine" (où Visconti a enfin vu Lancaster en Guépard...)
