Mon avis avec ce film a été indécis tout au long du métrage. J'ai longtemps hésité entre bon film et grand film. Et la nuance est importante.


D'abord film de braquage dans la plus pure tradition du western et litanie amoureuse, puis film de course-poursuite à la limite de l'horreur (car on ne voit jamais leur poursuivants), et enfin quête désabusée de rédemption et de liberté, Butch Cassidy et le Kid est un western particulier, post-moderne avant l'avènenement de la post-modernité. Car thématiquement, il renferme quelques sous-texte fascinants, sans avoir peur, parfois d'être à ce point complexe qu'il pourrait paraître brouillon. I


Ainsi, le film de George Roy Hill (mon premier) raconte la quête désabusée, parfois halluciné de ces deux êtres épris de liberté, personnages en marge d'une société qui avance et qui se modernise sans eux, héritage romantique et baroque de l'âge d'or des gangsters légendaires de l'ouest américain. Et c'est fascinant. Si fascinant, qu'après quelques minutes après la fin de mon visionnage, j'ai un peu fondu en larme. Car il ramène chaque spectateur à son rapport au rêve, à la liberté, au romantisme.


Ce film brasse et anticipe beaucoup de thèmes et références : l'interventionnisme américain en Amérique du Sud, la fin de l'idéologie et de l'utopie hippie et libertaire, et les défaites américaines à venir dans certaines guerres extérieures. Porté par la musique de Burt Bacharach, ce film raconte surtout la modernité qui rattrape les personnages, derniers des indépendants, derniers des gangsters d'un ouest américain de moins en moins sauvage. L'arrivée de la bicyclette, le corporationnisme et l'entrepreneur qui se défend, ce sont autant de signes du crépuscule d'une époque et de l'aube d'une autre. Mais comme des enfants, Butch Cassidy et le Kid ne veulent grandir, ne veulent pas s'adapter et se ranger, et en suivant leur fantasme libertaire, ils partent à la poursuite d'un eldorado, ailleurs en Bolivie.


Butch Cassidy et le Kid est porté par une photographie magnifique, notamment dans sa scène d'ouverture, dans la banque puis dans le saloon, avec un noir (marron ?) et blanc magnifique, soutenu par le travail sur les inserts et les sons. Il est aussi porté par la prestation de ses deux protagonistes, Paul Newman, malicieux, et Robert Redford, parfois terrifiant.


Ce film raconte la fin des utopies, et porte en lui tous les thèmes du Nouvel Hollywood, en pervertissant les codes et thèmes du western, tout comme Leone ou Peckinpah, dans un style moins âpre et moins baroque, mais toute aussi fascinante.

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le 23 août 2021

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Agregturp

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