Immersion dans la cour des Razmoket...
Pendant près de six mois, Pascal Auffrey et Alice Langlois filment quotidiennement la vie animée des enfants pendant leur pause récréation. Ils ont entre 3 et 5 ans, ils sont à la maternelle et c'est par le biais du jeu qu'ils vont déjà acquérir les réflexes qui constituent une société plus au moins organisée. Il y a les chefs de bande "c'est moi la maîtresse !", et les suiveurs. Les emmerdeurs "Toi, t'es pas ma copine !" et les balances "je vais le dire !". Il y aussi de la négociation intensive au sujet d'un ballon de foot contenant "la plus grande fourmis", des punchlines à vous fracasser les plus grands rappeurs des 20 dernières années ainsi que des freestyles a cappela plein de mystère et d’insouciance... Ce qu'il y a de fascinant c'est que tout le long du documentaire, les enfants se contrebalancent des caméras qui les traquent et les épient, ils sont là complètement plongés dans leurs histoires irréelles à narguer inconsciemment les plus grands artistes et faisant l'éloge de Tim Burton.
Si la plupart du temps c'est drôle, il y a des moments tendres et cruels. Et oui, à cet âge là on ne sait pas vraiment même si l'on distingue déjà le bien du mal. J'ai été particulièrement sensible à la diversité ethnique, reflet de la France d'aujourd'hui, de l'humanité tout simplement, puis sensible aussi à l'excellente bande son signée Les Razmoket, quelques titres se détachent plus que d'autres et arrivent à nous transporter : Brouhaha 1, Brouhaha 2, Pleurs en sol bémol mineur, Rire 2 secondes après en do dièse mineur. Des perles qui pendant nos fous rires aux éclats nostalgiques, font resurgir des souvenirs et des visages oubliés. C'est alors que le regard se fige pour laisser place au passé, et au regret de n'avoir pas pu rester dans l'enfance, cet insouciant halo que le temps consume.