Le poète a toujours raison ; Qui voit plus haut que l'horizon ; Et le futur est son royaume ; Face à notre génération ; Je déclare avec Aragon ; La femme est l'avenir de l’homme 
En 1958, Michel et Hélène, couple ordinaire d’une époque révolue, se trouvent soudain projetés dans notre présent, où ils découvrent, non sans stupeur, l’évolution profonde des mœurs, en particulier celle relative à la condition féminine.
Une comédie anachronique d’une exquise subtilité
C’était mieux demain s’érige en véritable miracle de finesse au sein d’un paysage comique hexagonal trop souvent enlisé dans la trivialité tapageuse et la bêtise crasse. Sous des dehors légers, ce film au charme suranné déploie une réflexion d’une sagacité remarquable sur la collision des époques, sans jamais verser dans la gaudriole potache ni la caricature outrancière.
Le vertige temporel comme moteur d’humour et de pensée
La prémisse – un couple typiquement cinquante-huitard catapulté dans la modernité numérique – offre un terrain d’expérimentation fertile pour une comédie d’observation délicieusement paradoxale car le film produit un plaisir comique tout en suscitant une réflexion sérieuse sur le temps, les mœurs et les rapports de genre. Ce paradoxe — rire de ce qui, en réalité, interroge notre société — donne toute sa richesse au ton du film. Le scénario, ciselé avec une minutie d’orfèvre, exploite avec jubilation le choc des temporalités : smartphones, égalité des genres, télé-réalité et courants idéologiques contemporains deviennent autant de miroirs déformants révélant l’absurdité et la fragilité de nos certitudes modernes.
Loin de s’abandonner à la facilité du gag, le film distille un humour aérien, perspicace et polymorphe, où chaque anachronisme devient prétexte à un questionnement discret mais intéressant sur l’évolution morale et sociale de nos sociétés.
Un vieux con reste un con
Une fable féministe douce-amère
Sous ses dehors de divertissement jubilatoire, l’œuvre se mue peu à peu en sympathique petite fable féministe, irradiée d’une bienveillance espiègle. Le contraste entre Michel, mari déboussolé voyant ses antiques privilèges masculins voler en éclats, et Hélène, épouse soudain affranchie découvrant la griserie d’une liberté nouvelle, confère au récit une profondeur insoupçonnée.
Ce basculement, d’une ironie voltairienne, illustre avec une élégance rare la lente mue des mentalités et l’émancipation progressive de la femme dans un monde désormais plus égalitaire – ou du moins, qui aspire à l’être.
Un duo incandescent 
Le couple vedette, véritable bipôle incandescent, irradie d’une énergie quasi théâtrale : Elsa Zylberstein, alerte et pétulante ; Didier Bourdon, engoncé dans son anachronisme, tour à tour pathétique et attendrissant. Leur alchimie, délicieusement explosive, donne au film une densité émotionnelle que ne dément jamais la légèreté du ton.
Conclusion : un bijou anachronique et roboratif
Bref, il se révèle être une œuvre aussi facétieuse que roborative, un divertissement d’esprit autant qu’une méditation sur le progrès et ses vertiges. Sous ses airs d’aimable cocasserie, le film parvient à conjuguer la drôlerie du décalage temporel avec la pertinence d’une réflexion sociale subtile.
Un petit chef-d’œuvre de tact et d’intelligence, où la nostalgie et la modernité valsent dans un pas de deux d’une douce suavité.
Quelle heure est-il ?