Délit de Suite !

Sorti en 1984 et aussi imparfait soit il C.H.U.D. est une petite série B horrifique qui avait le mérite de proposer un récit carré et très premier degré nous plongeant dans les bas fonds crasseux de New-York avec une sale bestiole mutante vivant dans les égouts et s'attaquant aux SDF . Cinq ans plus tard débarque sur les écrans C.H.U.D. II – Bud The Chud, une suite réalisé par David Irving qui n'a strictement rien à voir avec le premier film tant dans le ton global du long métrage que dans son récit et pour cause puisque le script était à l'origine pensé comme celui d'une suite au film Le Retour Des Morts Vivants. C.H.U.D. II – Bud The Chud est donc une comédie horrifique avec des morts vivants. En tout cas c'est ce qu'elle prétend être car le film n'est pas plus drôle qu'il n'est horrifique.

C.H.U.D. II – Bud The Chud c'est donc l'histoire de deux lycéens qui volent un cadavre pour remplacer celui du cours de biologie qu'ils ont malencontreusement perdu . Par accident ils réveillent ensuite le macchabée qui s'avère être un prototype de super soldat zombie créé pour un projet secret de l'armée américaine. Lorsque le zombie prénommé Bud s'échappe, il commence à contaminer toute la ville.

Bien loin des égouts crasseux et des laissés pour compte du rêve américain d'un New-York underground C.H.U.D. II – Bud The Chud nous embarque sous le soleil d'une petite banlieue de Californie en compagnie de trois adolescents échappés d'un banal teen movie dont un mauvais clone de Steve Guttenberg interprété par Brian Robbins. Trois adolescents gaffeurs et maladroit qui vont donc passer tout le film à poursuivre un zombie échappé et tenter d'enrayer la contamination grandissante. Pour les épauler ils seront rejoint par l'armée avec un colonel qui souhaite récupéré son prototype de super soldat indestructible, un personnage interprété en roue libre par Robert Vaughn en mode cabotinage forcé. La prétendue comédie ressemble ici à une farce bien paresseuse avec une kyrielle de personnages bateaux se noyant pourtant dans une intrigue minimaliste. Les zombies dotés de raison mais possédant des trête d'ahuris passent leur temps à dire Viande et Miam Miam et les gags assez affligeants consistent à les regarder rouler des yeux quand l'un d'entre eux se prend un coup de manche de râteau dans les joyeuses ou voir un autre courir après sa tête coupée dans laquelle il ne cesse de shooter. Si encore les gags s'accompagnaient de quelques fulgurances gore mais rien du tout, le film est tellement inoffensif niveau horrifique qu'il mérite à peine cette catégorisation, tout comme il mérite à peine d'être qualifié de comédie d'ailleurs. Même les quelques très rares petites idées de comédies sont mal exploitées comme le fait de montrer les zombies marcher d'un même pas cadencé comme si il effectuait une sorte de chorégraphie. Je suis pourtant assez bon public et amateur de comédies navrantes mais dans le cas de C.H.U.D. II – Bud The Chud je crois bien que rien ne m'aura décroché qu'un seul sourire. Et cette pauvreté d'écriture est vraiment dommage et même étonnante de la part du scénariste Ed Naha capable par ailleurs de pondre de sympathique scénario de comédies (Chéri J'ai Rétréci Les Gosses) de rigolotes séries B (Troll) et même de bons films d'horreur (Dolls – Les Poupées).

Difficile de sauver quoi que ce soit du film et pourtant je retiendrais quelques fugaces images du final dans lequel les zombies se retrouvent piégés dans une piscine givrée à l'azote, la vision des corps comme pétrifiés dans l'eau autour d'une sorte de brume épaisse est objectivement plutôt séduisante à l’œil. Et puis le meilleur moment du film reste un caméo de ce bon Robert Englund déambulant dans les rues un soir d'Halloween, autant dire que lorsque la chose la plus attrayante d'un film est une apparition fugace de quelques secondes on est pas dans le haut du panier.

C.H.U.D. II – Bud The Chud rejoint sans effort la liste des pires suites possible et pourtant le premier C.H.U.D. (que j'aime mollement bien) n'avait pas placé la barre bien haut. Non seulement le film de David Irving ne franchit pas le niveau mais il se prend les pieds dans l'obstacle et se vautre lamentablement sans même que l'on ai envie de ricaner de sa triste chute.