Je ne sais par où commencer, n'ayant pas lu le bouquin mais ayant vu le téléfilm de 1990, je ne peux que constater, en tentant de ne pas systématiquement comparer les versions, que c'est d'une médiocrité absolue ou presque. C'est pour les mômes de 12 - 13 ans, et encore, au vu de ce qu'ils sont habitués à voir aujourd'hui, je doute que ça leur fasse peur. C'est d'un lisse, d'un banal et d'une platitude assez effarante doublé d'une surenchère accablante: la lie de Hollywood et de son marketing.


Changement d'époque ("youpi! soyons bougrement originaux les mecs, on va foutre ça dans les années 90 car les 50's ça pue")
Il va falloir que quelqu'un m'explique quel est l'illuminé, qui, croyant tenir la bonne idée, a cru bon de situer le film en 1989 plutôt que dans les années 50, non mais pourquoi sérieux???? Ca n'apporte absolument rien, et bien au contraire, ça gâche toute l'ambiance glauque si justement exacerbée par ces fifties plus austères, conservatrices et polissées qui créent, en tout cas dans le téléfilm, un effet de contraste efficace et insaisissable.


Récit linéaire ("oh allez c'est trop compliqué là tous ces flashbacks, ils vont pas comprendre! On va faire du chronologique, c'est moins risqué et en plus ils vont passer à la caisse deux fois, hihi")
Comme le but premier est évidement de se faire un max de fric sur le travail des autres, sans aucune considération pour les spectateurs qu'on prend pour des idiots et qu'on prend par la main à longueur de film, ils ont préféré carrément, sans aucune justification narrative, faire un film linéaire, sans les flashbacks donc, pour pouvoir nous resservir un deuxième baril de soupe, i.e, le chapitre 2 (par ici la monnaie les pigeons). Mais encore, bon, ça ne me dérange pas de payer si le mec respecte un minimum ce qu'il fait, même si c'est nul, mais bon là, en plus ça gâche tout! Les allées et venues dans le temps c'est ce qui fait toute la consistance et le rythme de la narration! Mais ils l'ont pas vu ça, que c'était primordial de garder cet élément qui n'a semblé être qu'un détail pour le gars qui a pondu cette aberration? J'admets être un chouia fâchée quand même car c'est ça qui plombe le film (qui, comme vous l'aurez compris, je trouve déjà médiocre), et donc je m'emporte, mais que diable, je viens de perdre deux heures de mon temps précieux.


Effets spéciaux cheap et zéro terreur ("on s'en fout, ils auront tellement peur de notre clown qu'ils n'y verront que du feu")
La liste serait trop longue mais tout est trop artificiel, tape-à-l'œil, vu mille fois, jamais subtile, encore moins ambigu, en mode "The Walking Dead" et ça NE FAIT PAS DU TOUT PEUR à la fin bon sang ! Des jump scare à la pelle qu'on voit arriver, toujours les mêmes, et trop abondants, des monstres grotesques, la copine zombie des peintures à la Modigliani là, elle est ridicule, même pas bien faite. Et vas-y que je te fous 50 rangées de dents (les dents, c'est bien connu, ça fout super la frousse). Et appuyons bien sur les détails, surtout ne rien laisser à l'imagination du spectateur "tiens on va mettre le clown sur les photos d'archives, mais on va zoomer 20 fois au cas où". D'ores et déjà, comme l'ambiance n'incitait ni à la tension, ni à la plus petite angoisse, c'est sûr que le côté visuel n'est pas venu arranger la sauce...


La zik, c'est juste pas possible ("n'hésitez pas hein les gars sur la musique; vous en mettez une bonne couche surtout")


Tout est dit, une musique tapageuse, omniprésente et de mauvaise qualité à l'effet usé jusqu'à la corde depuis des décennies. Le silence ça peut être bien parfois, justement, ça donne de la profondeur aux scènes les plus simples, mais non, allez hop, la foire.


Les personnages et leurs dialogues ("mais on s'en fout des personnages je vous dis, de toutes façons les acteurs sont nuls")


Bon c'est sûr, avec des personnages aussi mal écrits, qui par ailleurs, ne bénéficient pas d'une narration non linéaire (j'insiste) pour leur apporter un minimum de consistance, c'est difficile de s'en sortir. Ils n'ont éveillé en moi aucune empathie ni même un simple espoir de les voir survivre. Avec des dialogues aussi nuls et si peu authentiques ça relèverait de l'exploit de pouvoir se sentir un minimum impliqué dans leurs mésaventures. Surtout qu'il y a des ellipses. Dans le téléfilm, chaque personnage, qu'on prenait le temps de suivre, nous dévoilait sa personnalité et ses démons, là c'est du cliché mal dégrossi, avec une seule bonne interprétation pour l'acteur qui incarne Ben.


Je vais faire l'impasse sur les incohérences, les énoooormes ficelles, les décors moches dans l'ensemble (hors les paysages, très beaux). Au final assez consternant, navrant, super mal travaillé et qui me laisse pantoise devant tant de bonnes critiques.


Le seul truc qui a réveillé en moi un tant soit peu d'émotions, c'est la bande annonce. Je la recommande plutôt que ce massacre saccadé et insipide.

Citlal
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le 6 janv. 2018

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