Grosse attente autour de ce film, notamment de la part de ceux qui comme moi ont adoré le roman. Les critiques favorables et le carton dans les salles aux États-Unis étaient de bons indicateurs, et cependant... je reste quand même sur ma faim. Raison principale : ça ne fait pas peur (sans jeu de mots).


Pourtant, je préfère largement ce film au téléfilm de 1990. Celui-ci a, il faut le dire, très mal vieilli. Tandis que le Ça d'Andres Muschietti rend hommage à l'univers du livre, grâce à un budget qui lui a permis d'avoir des effets spéciaux de qualité. Il est beaucoup plus fidèle que le téléfilm au roman, et surtout à son esprit. Ça est sombre, et Pennywise (Grippe-Sou en français) n'est pas le seul méchant. Henry Bowers et sa bande représentent une menace sérieuse pour le "Club des Ratés", ainsi que certains adultes.


Les acteurs sont plutôt convaincants. Je retiendrai notamment la prestation de Sophia Lillis (plus ado qu'enfant) et de Finn Wolfhard (déjà vu dans Stranger Things). Bill Skarsgård interprète Pennywise de très bonne manière, et je me suis régalé de chacune de ses apparitions.


Avant d'aller voir le film, j'ai lu une critique où l'auteur disait que les romans de Stephen King sont inadaptables. Sur le coup, j'ai trouvé ça plutôt ringard : ne disait-on pas la même chose du Seigneur des Anneaux ? Mais après avoir vu le film d'Andres Muschietti, je ne peux que constater qu'il a raison.


En effet, Ça a beau être fidèle au livre, il ne parvient pas à recréer l'ambiance du roman. Cette ambiance unique, poisseuse et malsaine. Il est plutôt un enchainement de séquences horrifiques avec quantité de jump scares sans pour autant produire de climax. Malgré son format de 2h15, on a l'impression que tout va trop vite, le film ne prend que rarement le temps de se poser (comme la scène de la baignade). Et c'est tout simplement le défaut majeur du long-métrage. À mon avis, une adaptation en série TV aurait été beaucoup mieux, comme pour 22/11/63. Elle aurait permis de poser les évènements et de s'intéresser davantage aux personnages.


Même les scènes où l'intention est d'effrayer sont trop rapides. Il n'y a pas d'ambiance, on a pas le temps d'avoir peur. Du coup, Andres Muschietti use et abuse des jump scares, à tel point que l'addition finit vite par devenir salée... Au niveau des changements par rapport au support original, je retiendrai surtout ceux-là :


Je regrette vraiment que le passage du château d'eau n'ait pas été respecté. C'est celui qui m'avait le plus marqué dans le livre, à tel point que quand je passe devant un château d'eau un peu isolé je pense tout de suite au passage du roman !


L'enlèvement de Beverly me parait illogique, puisque le clan des sept est divisé avant cela, et que l'action de Pennywise contribue à les ressouder alors que ce n'est pas du tout dans son intérêt.


Enfin, la mort d'Henry Bowers est surprenante, puisqu'il est censé apparaitre dans la suite...


Il y a quand même quelques passages réussis (celui de la bibliothèque ou de la salle de bain), et je mettrai au crédit du réalisateur que le fait de connaitre le roman ôte toute surprise (même pour moi qui l'ai lu il y a fort longtemps).
Néanmoins, multiplier les passages où Pennywise fonce vers la caméra en hurlant était une mauvaise idée. Comme le fait d'essayer de faire peur dans la cave de la maison au tout début du film, vu que tout le monde sait que ce n'est pas là que le danger va arriver.


La bande-son est tout juste correcte, et n'aide pas à créer une atmosphère inquiétante. La noirceur du film parait parfois plus gratuite que justifiée. Tout est noir ou blanc, comme pour Henry Bowers, alors que si mes souvenirs sont bons, ce personnage est plus nuancé dans le roman. Mais encore une fois, le format "film" ne permet pas de développer et de prendre son temps comme un roman peut le faire. Et comme une série TV aurait pu le faire.

Créée

le 23 sept. 2017

Critique lue 223 fois

Zero70

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