Je ne sais plus où, mais j'avais entendu Torreton parler de ce film il y a quelques jours en disant qu'à l'époque, avec le réalisateur, Bertrand Tavernier, ils s'étaient pris un procès en fausseté pour ce film. Un journal aurait déclaré que tout était exagéré. La semaine suivante un spectateur disait que justement tout était minoré et Torreton abondait dans ce sens. Avec Tavernier ils n'ont pas voulu montrer forcément la réalité telle qu'elle était car les gens ne l'auraient pas crue.


J'avais une très mauvaise image de Torreton à cause de sa fameuse lettre ouverte à Depardieu où il l'insultait limite parce qu'il avait quitté la France et je dois dire que j'avais pas jamais pris la peine de voir un seul de ses films. Et franchement, il est excellent. Comme quoi même un bobo moralisateur peut être un bon acteur, surtout s'il est bien dirigé.


Tavernier raconte donc l'histoire d'un directeur d'école dans le nord de la France. Un nord touché par le chômage, par la pauvreté, par la misère. Ce directeur est donc confronté tous les jours par des situations rocambolesques, une mère qui vient chercher sa fille totalement ivre à l'école, un enfant battu, des enfants qui se font refuser à la cantine, etc.
Et c'est montré dans la mise en scène par le fait que toutes les séquences à l'école commencent normalement, on fait classe, les élèves sont contents, ils s'amusent, ils apprennent... et là quelque chose vient perturber le bon déroulement de la classe. Le directeur doit partir, il doit sortir, il doit agir, sans pour autant interrompre le mouvement des élèves qui ne doivent rien remarquer.
Cela peut se traduire par la caméra qui s'arrête sur un détail lors d'une scène anodine, où le spectateur remarque comme le personnage de Torreton quelque chose d'étrange... comme un coup à la tête... la scène continue un peu plus loin des élèves qui eux n'ont rien remarqué...


Avec ce procédé Tavernier arrive très bien à rendre compte de ce qui se passe réellement dans une salle de classe, les élèves en ébullition, le fait d'être toujours attentif à tout, mais surtout constamment interrompu par quelque chose d'inopiné qui mérite qu'on y porte son attention. Sans parler de la véracité des décors. On sent qu'il a voulu parfaitement retranscrire ce qu'était une salle de classe de maternelle. On est loin d'un lieu aseptisé comme on peut en avoir dans d'autres films sur l'école.


La seule chose que j'ai trouvée un peu en dessous niveau véracité, c'était l'inspection. On était limite dans la caricature de l'inspection, l'inspecteur qui regarde à peine ce qui peut bien se passer, qui fait vite fait des reproches bidons avant de partir, le tout expédié en 5 minutes. En vrai ça n'a rien à voir, du moins formellement, une inspection ne se fait pas être deux portes.


Mis à part ce passage, le film arrive à être vraiment juste, notamment sur la relation avec les gamins, les relations entre collègues, avec les parents ou les services sociaux qui sont parfois compliquées...


On ne tombe pas réellement dans le pathos, certes c'est triste, touchant même, mais ça reste malgré tout contrebalancé par quelques passages plus heureux, qui certes ne résolvent rien, mais qui aident à tenir, qui font que tout n'est pas noir... D'ailleurs les seconds rôles féminins illuminent le film et le rendent supportables.


Le constat en 1999 était posé sur ce nord qui ne s'en sort plus économiquement, entre l'alcool, la violence, la délinquance, le chômage, la pénurie de tout ce qu'il faut pour faire tourner l'école correctement...Dans le nord et pas que là d'ailleurs...
Pas certain que la situation se soit arrangée. C'est ça qui rend le film encore plus déprimant, c'est que vingt ans plus tard, c'est pire...

Moizi
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le 14 mars 2018

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