Cabal
6.6
Cabal

Film de Clive Barker (1990)

Nightbreed s’empare de toute une galerie de freaks auxquels il accorde un rôle on ne peut plus ambivalent : ils sont monstrueux et terriblement tragiques à la fois, à mesure que le spectateur s’engouffre dans ces sous-sols grouillant de créatures qui sont autant de membres d’une même et grande famille contre laquelle s’acharne un seul et même docteur. C’est dire que le film ne se contente pas de faire progresser son récit, non il renverse peu à peu la polarité axiologique qui définit les espaces et leurs occupants : les souterrains perdent de leur noirceur première et s’exhibent dans tout ce qu’ils peuvent avoir de forain et de spectaculaire, ils deviennent le conservatoire d’une authenticité contrainte de vivre cachée au fond d’un cimetière, d’un droit à la différence qui est bafoué par celles et ceux qui y opposent moult armes à feu et moult discours scientifiques.


Dès lors, le long métrage de Clive Barker s’apparente à une entrée en sauvagerie, mais différée : ce n’est que quand sont présentés et acceptés les monstres que le chaos survient, déchirant par le feu ou les balles les tissus sensibles développés jusqu’alors. Nous éprouvons aussitôt de la compassion pour ces êtres difformes mais remarquables parce que difformes ; le réalisateur réussit le tour de force de rendre attachantes des figures cannibales, violentes, visqueuses, grossies, bouffies, maladives. Son film est un long et divertissant envoûtement, porté par la sublime partition musicale de Danny Elfman : il convie son spectateur à prendre part à la révolte des freaks, tend à celui-ci un miroir dans lequel se projettent ses singularités fondamentales qui, à tout moment, pourraient l’exclure à son tour de la société de ses semblables et le contraindre à vivre reclus.


Entre cauchemar et onirisme macabre, le film construit des passerelles sensibles ou psychiques entre les êtres, accorde à cette part d’ombre en chacun une figuration grand-guignolesque mais fortement politique, une révolte décomplexée et furieuse à l’égard des catégories, des étiquettes, des modes. Pour refonder, à la lumière de la différence, un peuple de la nuit.

Créée

le 9 févr. 2020

Critique lue 175 fois

4 j'aime

Critique lue 175 fois

4

D'autres avis sur Cabal

Cabal
Fatpooper
10

Ce n'est pas parce qu'un type porte une tunique de moine que ça fait de lui quelqu'un de bien

On n'est jamais mieux servi que par soi-même. C'est ce qu'a dû se dire Clive Barker en décidant d'adapter son propre roman. Le bougre nous avait déjà apporté Hellraiser entre autres et avait donc...

le 5 sept. 2012

14 j'aime

6

Cabal
MonsieurScalp
7

Fascinant (malgré le gâchis)

Tout d'abord, Cabal, c'était une découverte en BD chez un bouquiniste et le souvenir que j'en garde est que l'histoire m'avait plutôt accroché, entre fascination et horrification. Puis le visionnage...

le 5 nov. 2021

9 j'aime

Cabal
GillesDaCosta
8

Critique de Cabal par Gilles Da Costa

Petit compte rendu de la Nuit Clive Barker qui s’est déroulée au PIFFF le Samedi 24 Novembre de 20h à 6h30 environ (mes yeux étaient trop boursouflés pour lire l’heure plus précisément...). Une nuit...

le 29 nov. 2012

8 j'aime

1

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14