Le nouveau film de Daniel Barnz est typiquement le genre de film qui ne vaut le coup d'oeil que pour la star en tête d'affiche. Plus qu'un film, une véritable performance d'acteur, de préférence à contre-emploi qui attise la curiosité et attire les foules. Des films du genre ont en a eux pleins et parfois certains était plus réussi que d'autres mêmes si ce genre d'exercice se révèle souvent décevant car mis à part la prestation de la star rien ne ressort vraiment du film. Mais ici les choses seront un peu différentes.


Pour ce qui est du scénario celui-ci se montre plus intéressant que prévu, explorant des pistes audacieuses sans tomber dans le pathos ou le tire-larmes traitant son sujet avec pudeur et un certain détachement n'explicitant jamais vraiment les troubles du personnage, ou s'attaquant de manière frontale à l'accident, tout est laissé dans le flou et à la supposition du spectateur. Néanmoins il ne sera pas difficile de comprendre l'histoire du personnage et de deviner ce qui s'est passé faute principalement à la mise en scène, ou du moins l'absence de celle-ci, mais cette manière détourné de parler des choses est plutôt appréciable. Mais ce qui intéresse surtout le réalisateur c'est la performance de son actrice et en raison de cela il va faire les mauvais choix. Tout semble au final trop forcé et trop moralisateur, le cynisme du personnage de prime abord assez drôle révèle par la suite le cynisme du film et plus que ça son opportunisme. C'est le film à oscars académique par excellence où tout semble faux, trop de bons sentiments qui font plonger l'ensemble dans le misérabilisme alors que le film aurait du miser sur l'épuration et la sobriété. Toutes les bonnes idées perçus au début du film s'évapore donc petit à petit pour nous mener à un final facile dans sa symbolique, paresseux dans sa métaphore et incroyablement prévisible. Le film ne se brode que sur les clichés à l'image de la totalité des personnages qui deviennent assez vite agaçant avec une mention spéciale pour la "bonne" mexicaine au grand cœur qui se montre assez vite insupportable, le personnage étant trop cliché et trop empli de bons sentiments larmoyant. On ne s'attache donc pas aux personnages, ce qui fait que l'on ne sera pas ému par cette histoire en raison de son traitement qui occulte ses meilleures aspects. La fascination pour le suicide, le côté malsain de la relation entre Claire et Roy, etc, tout les aspects les plus noires et paradoxalement les plus intéressants du récit sont oubliés au profit d'hallucinations bancales et sans intérêts qui au final ne mènent à rien et n'exploite même pas le sentiment de culpabilité du personnage. Au niveau de la psychologie on est donc proche du zéro et c'est dommage car la première partie du récit était vraiment réussi et promettait bien mieux.
Pour ce qui est du casting tout tiens sur les épaules de Jennifer Aniston qui, même si elle livre une prestation honorable, n'est pas à la hauteur de la tâche. Ce qui au final se révèle être le gros défaut du film car pour un film qui mise tout sur la prestation à contre-emploi de son actrice, il rate le coche et l'aspect primordial du film, la seule chose qui vaut son intérêt. Ici Aniston n'est pas mauvaise loin de là mais sa prestation est à l'image du film, forcé. Elle ne tente pas le travail de composition et reste sur une prestation de surface, ce qui fait qu'elle ne crée pas l'émotion nécessaire et que son interprétation reste assez statique. Sinon pour ce qui est des acteurs secondaires ceux-ci s'en sortent admirablement, surtout Sam Worthington tout en retenue et en justesse, même si certains sont totalement sous-exploités et ne font que cachetonner comme William H. Macy, Felicity Huffman et Anna Kendrick.
Pour ce qui est de la réalisation c'est assez générique, la photographie se montre assez fade, le montage classique et linéaire ainsi que maîtrisé et la musique est quasiment inexistante. Par contre gros point noir pour la mise en scène de Daniel Barnz qui est quasiment inexistante, aucunes idées ne s'en dégage et l'ensemble relève de la paresse tellement les mouvements de caméras sont limités. Il ne s'intéresse par particulièrement à filmer les personnages, à capter leurs regards pour saisir leurs démons et leurs doutes ni même à s'intéresser aux environnements. Parfois on se demande juste ce qu'il cherche à filmer car l'ensemble se révèle impersonnel et froid comme si au final il se désintéressait un peu de l'histoire qu'il tente de filmer, son travail étant purement fonctionnel.


En conclusion Cake est un film pas terrible mais en terme de mélodrame il y a eu pire, car celui-ci dispose de relatives bonnes idées et évite le pathos et les lourdeurs du tire-larmes ce qui fait que le visionnage n'est pas des plus désagréables, on ne s'ennuie pas et l'ensemble se suit avec fluidité et intérêt mais tout ce que le film ambitionne et tente d'accomplir est un ratage. La prestation de l'actrice n'est pas transcendante, le film tombe dans le misérabilisme et à un traitement très forcé tandis que la mise en scène à l'air de se foutre de tout. Ce qui fait que finalement on ne retiendra que très peu de choses du film, voire même rien du tout, pour autant celui-ci ne se montre pas agaçant et sait se faire apprécier durant le temps de projection et il trouvera surement son public car il n'est pas honteux ou totalement lamentable. C'est juste une entreprise ratée qui n'a pas su saisir ses innombrables qualités faute à un réalisateur relativement médiocre qui à pris de biens mauvaises décisions.

Frédéric_Perrinot
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le 8 avr. 2015

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