Aux sombres héros de l'amer

Ah, la campagne irlandaise... où tout le monde se rend à la messe le dimanche avant d'aller se soûler au pub. Le film décrit très bien l'ambivalence entre un sentiment religieux prégnant d'un côté et un cynisme décadent de l'autre. Comme dans Bons baisers de Bruges, Calvary démontre que le cinéma irlandais n'a rien à envier aux anglais dans le domaine de l'humour noir. Néanmoins, ici, il s'estompe assez vite, laissant la place à une fable chrétienne dans son sens humaniste et généreux.

De par son rôle de prêtre, le père James Lavelle est amené à croiser tous les habitants de cette belle contrée isolée. On a donc une galerie de portraits qui sans être trop caricaturaux, ont presque tous un côté outré et trouble. Cela sert évidemment l'intrigue globale qui tient en haleine le spectateur et structure le récit : à savoir la menace d'assassinat gratuit qui pèse sur notre pieux héros une semaine jour pour jour après le début du film. On louche presque vers les récits policiers traditionnels anglais, mais avec un sens de l'absurde plus irlandais.

La psychologie des personnages est bien exploitée. Le père James et sa fille (superbe duo joués par Brendan Gleeson et Kelly Reilly) marche à merveille. On ressent très vite de l'empathie forte envers ces deux-là, gentils, généreux, charmants et désabusés. Ce sont eux, les sombres héros de l'amer. Le toubib, Frank Harte, est lui joué par Aidan Gillen, Littlefinger dans Game of Thrones, et joue à peu près le même rôle d'ailleurs.

Conclusion, on a ici affaire à une superbe conte cruel depuis l'Irlande. Le seul bémol est un pathos parfois trop marqué, mais ça passe vite. Un sacré bon film !