C'est sûr que Capharnaüm n'a rien à voir avec Caramel, la brillante entrée de Nadine Labaki dans la mise en scène, dont le deuxième long-métrage : Et maintenant, on va où ? était légèrement en retrait. Dans Capharnaüm, la réalisatrice se dresse en avocat, sincère et pour la bonne cause, mais un peu moins en cinéaste, en faisant excès de démonstration alors que son sujet méritait d'être traité avec un peu plus de subtilité. Jusqu'à preuve du contraire, il ne s'agit pas d'un documentaire et le style néoréaliste du film semble parfois, notamment sur la fin, bien pataud. La structure même de Capharnaüm est maladroite avec ce début de procès qui finalement ne sert que de leurre, censé amener une mise en condition et un suspense qui ne se concrétisent pas vraiment. Le montage a pourtant été resserré depuis Cannes et les afféteries esthétiques qui étaient dénoncées alors n'y sont plus. En revanche, le côté Misérables avec la famille du petit héros (des "moins que rien" selon le père du gamin) demeurent et l'on cherchera vainement une distance ou un commencement de vision nuancée et argumentée. On comprend bien que le film de la réalisatrice libanaise se veut un cri pour dénoncer le sort des enfants maltraités et aussi le statut des émigrés et des sans papiers, qu'ils viennent de Syrie ou d'Ethiopie, mais la manière est franchement rugueuse et ne fait que desservir le propos. Et ce, malgré des interprètes plus vrais que nature et véritablement investis. Ce qui, au passage, rappelle que la qualité première de Nadine Labaki est sans nul doute la direction d'acteurs.

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le 17 oct. 2018

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