Du travail très bien fait, sans accroc, mais un peu sans âme malheureusement. En mode automatique, Greengrass livre une belle adaptation d'un fait de piraterie qui semble uniquement singulier dans son dénouement, puisque ce genre de fait est malheureusement une réalité évidente dans ces territoires maritimes sous haute tension. Ce genre d'exercice est à double tranchant puisqu'il n'implique pas vraiment le spectateur dans sa réflexion. On est en effet bousculé par ce qui se passe à l'écran, car Greengrass maîtrise son affaire et entretient pendant plus de 2 heures une tension palpable constante, mais jamais on est poussé à la réflexion personnelle. Les évènements se succèdent jusqu'à ce final soudain qui n'a d'autre mérite que de nous montrer l'efficacité des commandos américains pour éradiquer des individus qui ne méritent autre chose qu'une balle dans la caboche. La scène est effectivement impressionnante, le triple kill synchronisé est une belle prouesse, mais un peu dérangeante. Greengrass gère en effet sa narration avec si peu de recul que l'on accepte sans broncher cette exécution sommaire. Ces trois hommes le méritaient de toute façon, en tout cas, jamais on ne se dit que ce destin est tragique, le montage et le point de vue unilatéral qu'adopte le réalisateur conduisent à ce sentiment, un peu triste à mon sens. Non pas que cette action soit contestable, mais il aurait été un peu plus honnête de laisser plus de place aux terroristes pour exister sans leur kalashnikov et leur menaces redondantes les dépeignant comme des chiens de guerre sous amphet' bio.

Quand à Tom Hanks, ce capitaine sans peur et sans reproche sans réelle profondeur, il fait un sans faute, sans réellement briller, mais il fait le taff, à n'en pas douter. C'est en fait ce qui me reste en tête après visionnage, cette sensation que le boulot a été très bien réalisé, certaines séquences étant des modèles d'efficacité dans leur traitement de la tension et du suspens. Mais c'est à peu près tout, comme lorsque l'on lit un fait divers qui va nous faire hocher la tête de surprise mais qui ne nous enthousiasmera pas davantage une fois le journal reposé. Peut être manque-t-il un point de vue moins subjectif dans ce Capitaine Phillips pour nous emporter un peu plus.
oso
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le 14 févr. 2014

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