Après avoir fait cavaler le surhomme et surentrainé Matt Damon (Jason Bourne) tout autour de la Terre, Paul Greengrass nous sert un film très différent.


Tom Hanks (le capitaine au long cours, j'aime cette appellation désuète, Phillips) embrasse sa femme et quitte son pavillon de banlieue pour partir au boulot. Au même moment, le vassal d’un seigneur de la guerre somalien réunit une équipe de jeunes pirates, autant de Kalachnikovs et deux barcasses à moteur.


Phillips commande un porte-conteneur dans la mer d’Oman. Son navire approche d'une zone dangereuse. Ses hommes, des quadragénaires marins de métier et syndiqués, rechignent, ils n’entendent pas courir des risques absurdes. Le capitaine s’impose : il a une route à prendre, la probabilité d’une attaque est infime et ils appliqueront les consignes de sécurité. La suite est cousue de fil blanc. Abduwali Muse (Barkhad Abdi) se rue à l’abordage. Phillips se défend, joue à cache-cache dans les soutes, sauve bateau et équipage, mais se retrouve captif dans un lifeboat avec quatre pirates.


A l’encontre de nombre de productions hollywoodiennes, Greengrass s’attarde sur chacun des Somaliens. S’il n’évite pas les stéréotypes, le jeune gamin sympathique, le taciturne vigilant, le colosse hargneux et un extraordinaire « capitaine » Muse, chacun de ses personnages s’impose à nous et, divine surprise, s’exprime dans un anglais parfait. Muse n’est pas un simple pécheur ruiné par les bateaux-usines occidentaux, mais plus sûrement un guerrier tribal aguerri. Il tient du chat sauvage, identifiable aux stigmates de ses combats. Il possède un cargo grec à son actif, deux millions de dollars de rançon dont il n’a pas touché grand-chose. Il ne rentrera pas au village les mains vides.


Phillips sait que la « cavalerie » approche et qu’elle ne négociera pas. Elle est là : deux frégates et un porte-hélicoptère, pas moins. La disproportion des forces est absurde. L’US Navy est calibrée pour anéantir la flotte russe ou chinoise, mais s’avère incapable de protéger ses navires marchands. La tension monte. Le huis-clos est pénible mais admirablement joué. Les nerfs lâchent. Ils savent qu'ils vont mourir. En quelques plans brefs et complaisants, Greengrass présente le professionnalisme des commandos. Gare aux Seals ! Pas d’assaut, mais une exécution.
Froide.


Janvier 2018

Créée

le 1 mai 2016

Critique lue 705 fois

17 j'aime

Step de Boisse

Écrit par

Critique lue 705 fois

17

D'autres avis sur Capitaine Phillips

Capitaine Phillips
drélium
8

Tom encore bée

Passons sur la prestation de Tom Hanks qui ira de flasque à formidable d'intensité, je choisis formidable d'intensité, Capitaine Phillips m'a, comme espéré, emporté dans son sillage se montrant très...

le 12 févr. 2014

34 j'aime

8

Capitaine Phillips
busterlewis
9

La rage de vivre

Il est peut-être temps de reconnaître la cohérence, le style et la minutie du cinéma de Paul Greengrass qui réussit toujours à se renouveler, à se placer devant de nouveaux défis. Capitaine Phillips...

le 23 nov. 2013

31 j'aime

Capitaine Phillips
Gand-Alf
7

Hostages.

Cinéaste pointilleux, soucieux de coller au plus près de la vérité et aussi à l'aise dans le cinéma à grand spectacle que dans la politique-fiction, Paul Greengrass s'attarde cette fois sur la prise...

le 16 avr. 2015

19 j'aime

Du même critique

Gran Torino
SBoisse
10

Ma vie avec Clint

Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...

le 14 oct. 2016

125 j'aime

31

Mon voisin Totoro
SBoisse
10

Ame d’enfant et gros câlins

Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde...

le 20 nov. 2017

123 j'aime

12