Deuxième incursion dans l’univers d’Emmanuel Mouret après Vénus et Fleur, et encore une fois, une belle surprise.
Avec Caprice, Mouret renverse le schéma habituel de la comédie amoureuse : ici, ce n’est pas l’homme délaissé qui cède à la tentation, mais celui qui a déjà "la femme parfaite" et qui, pourtant, se laisse happer par le doute.
Le film pose quelques question à la fois simple et vertigineuse, dont :
Que vaut la raison face au cœur ?
Le ton est singulier, il y a un équilibre entre légèreté et gravité, entre la logique du sentiment et la folie douce du désir. Caprice est un film sur le choix, sur son ambiguïté, sur ce moment suspendu où tout pourrait basculer, et où la comédie romantique glisse subtilement vers la mélancolie. Certaines scènes, à la fois absurdes et tendres, rappellent le meilleur du cinéma de Rohmer : ce jeu constant entre le discours amoureux et le réel.
Anaïs Demoustier est éblouissante. Là où une autre caméra l’aurait réduite à une jeune fille hystérique ou harcelante, Mouret la filme avec une infinie bienveillance. Elle rayonne de vitalité, de maladresse, d’une sincérité un peu folle. Dans cette scène où elle surgit, trempée sous la pluie, pour "juste lui parler deux minutes", elle incarne littéralement le caprice du titre, un élan irrésistible, irréfléchi, mais profondément humain.
Le film est souvent drôle, parfois décalé, parfois absurde même, mais jamais moqueur. Mouret observe ses personnages avec une douceur rare, et derrière les quiproquos, on sent une vraie tendresse pour leurs hésitations.
Et puis il y a cette fin superbe, toute en retenue, qui évoque le renoncement et ce qu’on laisse derrière soi. Une conclusion d’une justesse poignante, qui rappelle que chaque choix, même le plus raisonnable, a un prix, celui des possibles qu’on abandonne. C’est simple, beau, et d’une intelligence émotionnelle désarmante.