Captain America - Civil War : Quand on se fout sur la gueule entre potes

Le nouveau Marvel est arrivé. C’est un chaque fois une petite révolution, que la surprise soit bonne ou pas, elle chamboule le box-office et fait à présent parti de cet immense arc narratif qu’est devenu le MCU (Marvel Cinematic Universe). Que certains films soient appréciés et d’autres non ne changent rien au fait que tout le monde va voir le suivant pour se faire son idée. Quand on voit les scores du Box-Office de ce dernier Civil War, il n’échappe pas à la règle.

Pour la suite de mon avis, je vais spoiler, comme à mon habitude. Donc si vous n’avez pas vu le film (et que ne pas vous faire spoiler vous importe), passez votre chemin.

Difficile pour tout connaisseur de comics de ne pas faire le lien entre la version Civil War Comics et Cinéma. La version comics a été un véritable succès et a eu des répercussions sur l’ensemble de l’univers Marvel. Il était donc normal que cet énorme succès passe au cinéma. Mais là-aussi, difficile… difficile de comparer les 2 versions. La version comics joue sur un historique que le MCU n’a pas encore, en faisant s’entre-mêler différents univers et en ayant des conséquences impossibles à transposer dans ce « tout neuf » univers cinématographique. Je n’épiloguerai pas sur l’ensemble des différences mais je me dois d’en placer quelques unes afin que mon avis sur le film soit bien interprété.

Déjà, l’enjeu initial diffère complètement. Si dans le film, il est question des accords de Sokovie et entendez par là de la conséquence des actes des avengers au cours de la dernière décennie (et de leurs dommages collatéraux), le comics va un petit peu plus loin et impose, à cause de ces actes, une loi obligeant tout super héros à dévoiler son identité. Aucun souci pour Tony « Iron Man » Stark mais Captain America, même si il est connu de tous sous son identité de Steve Rogers, va y voir un problème d’éthique et de libre arbitre pour ces super héros (l’anonymat étant un moyen de préserver notamment leur famille).

Cette opposition va déchirer les 2 camps, va déchirer certaines familles (comme les X-Men ou les 4 fantastiques), va faire beaucoup hésiter certain (comme Spider-Man qui se retrouve d’abord pro-Stark avant de passer pro-Rogers) et se conclura par l’exécution de Steve Rogers par un sniper à son procès lorsque ce dernier décidera de se rendre pour ne pas que ça s’envenime.

Dans le film, au-delà de cet enjeu initial que sont les accords de Sokovie est placé le personnage de Bucky Barnes, ami d’enfance du Captain et connu aussi pour être le Winter Soldier. Hélas, j’ai trouvé ce personnage assez « maltraité » dans le précédent Captain America et il en va de même ici, puisque même avec la meilleure volonté du monde, il est extrêmement difficile d’avoir de l’empathie pour lui. Alors, il est évident qu’un complot plus gros se trame, que tout ça n’est qu’une immense manipulation mais plutôt que de tenter de se défendre, ce dernier va chercher à s’enfuir, envenimant une situation déjà pas simple pour lui (et encore moins pour ceux qui le défendent). Ce personnage n’a l’air de se cantonner qu’à une succession de mauvaises décisions, Captain devant passer faire le ménage derrière.

Le scénario est ensuite assez classique, avec une montée crescendo de la tension entre Iron Man et Captain jusqu’à la grosse baston puis à la prise de conscience qu’ils ont été manipulé. Il est surtout l’occasion d’introduire de nouveaux personnages : Spider-Man, que tout le monde attendait et qui a l’air de bien taper sur le système. Black Panther, personnage le plus réussi aussi bien niveau mentalité que niveau baston : sa façon de se déplacer et de se battre est extrêmement féline et dans un total respect du personnage.
Il donne une raison de ramener quelques « anciens » sans réel gros motif apparent : Ant-Man par exemple, l’acteur est toujours aussi excellent mais dont la présence au scénario relève plus du caméo. Vision, dont l’appartenance à un camp ne fait qu’écho à ses dires dans Age of Ultron : il est plus là pour temporiser un max et permet d’entrevoir une romance avec Scarlet Witch (à l’image du comics). Il n’est dans le camps de personne réellement mais s’évertue d’amoindrir les dégâts et de préserver la jolie sorcière, qui porte sa jeunesse et la dernière « erreur » des Avengers en date sur ses épaules. Black Widow, qui est là pour jouer le rôle de Spider-Man et de changer de camps en plein milieu du film sans que l'on ne comprenne ni pourquoi ni comment. Mais la palme du retour forcé revient à Hawkeye, que l’on avait laissé avec une vie de famille et un nouveau né et dont la présence ici (ainsi que le choix de son camp) ne se justifie que par une dette qu’il a envers Scarlet Witch (son frangin a donné sa vie pour la sienne ? On suppose que c’est ça…) mais en aucun cas par un quelconque intérêt pour ce qu’il se passe réellement.
Puis on a les sidekicks : Iron-Man a son War-Machine au même titre que Captain a son Faucon.
Enfin, on se permet même d’enfoncer des portes ouvertes, avec l’ex-agent (et ex-voisine) de Captain, nièce de Peggy Carter, connue aussi sous le nom de Sharon Carter et comme love interest de Rogers et qui, contrairement à ce que les affiches laissaient penser, ne participera pas directement à la scène d'action centrale.

Une panoplie de personnages avec laquelle les frangins Russo s’en sortent bien et, même si plusieurs facilités sont prises dans le scénario, permet une bonne grosse baston entre potes à mi-film. Puis malheureusement, ça retombe un peu et la dernière partie du film est plus conventionnelle, en plus petit comité et va explorer des pistes que l’on a vu venir à plusieurs kilomètres.

Le film est un excellent divertissement, posant la question de la responsabilités des super héros (c’est très à la mode en 2016 puisque c’est également le thème de Batman v Superman…). Il est cependant moins sombre que ce dernier. De très bonnes scènes d’action desservies par de bons effets spéciaux permettent de ne pas voir passer les 2h30.

Puis il y a Tony Stark. Je l’ai gardé pour la fin car ce personnage fait ici son « Iron-Man 4 ». Une nouvelle facette de lui est présentée et, alors qu’il se vantait d’avoir privatisé la paix mondiale dans Iron-Man 2, est ici prêt à rendre des comptes aux Nations-Unies. Plus sombre, plus mélancolique : il a fait pas mal de chemin et porte un fardeau qui s’alourdit de plus en plus. C'est sans doute un des anciens personnages que j'ai trouvé le plus intéressant tant il est éloigné de ce que l'on a l'habitude de voir de lui.

Au final, c’est le méchant qui gagne dans ce Marvel, réussissant à diviser l’équipe. Mais cette scission permet d’amorcer une phase 3 vraiment intéressante, faisant place nette aux nouveaux et permettant aux anciens la "pause" pré Thanos.

Si j’ai parfaitement compris le choix de nommer ce Civil War comme Captain America 3 de par la conséquence directe qu’il a dans le comics, je suis sorti du cinéma avec un doute énorme sur cette certitude. Point de personnage mort et encore moins ce bon vieux Steve Rogers. C’est après réflexion que je m’aperçois qu’en fait, si, il y aura bien eu un mort dans ce film. Il s’agit bien de Captain America. Le symbole, son appartenances aux Avengers et tout ce qu’il représente est bel et bien mort alors que Steve Rogers lui survit. J’aime beaucoup cette idée de mort symbolique et je trouve que ça, en plus de la victoire de l’ennemi (qui n’est ni Hydra ni un robot surpuissant mais juste un homme, une idée et son désir de justice) en fait un Marvel vraiment réussi. Il s’inscrit très bien dans la continuité d’Age of Ultron mais n’est pas, contrairement à ce que j’entends beaucoup, un Avengers 2.5. Il est un Captain America 3 et est très bon qui plus est !!

Enfin, je dois quand même avouer que si la présence du marteau de service ne m’a pas manqué plus que ça, le film manque cruellement de vert :)