Contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, Captain Fantastic n’est pas un film de super-héros. Il en est même très loin. C’est en revanche une fable sociale et familiale d’une infinie finesse, un petit bijou de justesse et de sensibilité aux enjeux complexes et sujets à débat. Car il y a un réel enjeu moral au cœur du film. Peut-on soustraire ses enfants du monde dans lequel on vit, même avec les meilleures intentions du monde ? La question demeure en suspens. En les élevant dans la nature, sans contact avec le monde extérieur ou presque, selon des préceptes rejetant le capitalisme et la société de consommation, leur père agit-il pour leur bien ? Certes, ils sont sains de corps et d’esprit et ont acquis des connaissances et des capacités de raisonnement hors du commun pour des gamins de leur âge, mais à vouloir jouer la transparence et ne rien leur cacher, n’est-ce pas les rendre inapte socialement et leur faire perde l’innocence propres aux enfants ?
Avec beaucoup d’intelligence, Matt Ross n’y répond jamais tout à fait et garde une certaine neutralité. La grande force du film réside dans la mise en scène des relations entre les membres de cette famille atypique, mais surtout de leurs interactions avec le monde « réel . Les réactions des enfants (tous fascinants de fraîcheur et de naturel) diffèrent d’ailleurs en fonction de leur âge et du temps passé dans la forêt. S’ils ont tous un grand respect pour les valeurs et l’enseignement que leur inculque leur père, certains (ou certaines situations) ne se privent pas de le mettre face à ses contradictions.
Le film se scinde d’ailleurs en deux parties distinctes. La vie dans les bois, entre cours de survie, enseignement théorique et débats sociologiques, et le road movie qui les confronte au reste du monde. Soit le passage d’une cellule familiale autarcique gérée par la figure patriarcale, à l’émancipation de certains de ses membres et les conséquences de cette profonde modification.
Enlevé, dynamique et émouvant sans être larmoyant, Captain Fantastic touche juste. Son propos est d’une grande clarté, sans jamais donner de leçon. Un moment fantastique.

Thibault_du_Verne
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 2016

Créée

le 21 oct. 2016

Critique lue 1.4K fois

2 j'aime

1 commentaire

Critique lue 1.4K fois

2
1

D'autres avis sur Captain Fantastic

Captain Fantastic
Fiuza
5

Viggo e(s)t Bo

Le réalisateur du film a t-il vu Vie Sauvage de Cedric Kahn ? En tous les cas il le devrait peut-être car, si ce dernier n'est pas un chef d'œuvre, il a le mérite d'être brutalement descriptif et...

le 13 oct. 2016

147 j'aime

9

Captain Fantastic
Vincent-Ruozzi
7

The Goodfather

Ben vit avec ses six enfants au fin fond d’une forêt luxuriante du Nord-Ouest des États-Unis. Leur journée est rythmée par des entraînements physiques intensifs et de longues lectures sur des sujets...

le 23 oct. 2016

125 j'aime

6

Captain Fantastic
Velvetman
7

Culture Freaks

Aussi difficile que cela puisse paraître, Matt Ross arrive parfaitement à se sortir du piège idéologique que pouvait lui imposer un film tel que Captain Fantastic. Le film, d’ailleurs, fait l’effet...

le 14 oct. 2016

125 j'aime

3

Du même critique

Ma Loute
Thibault_du_Verne
3

MA LOUTE – 6/20

Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus. Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne...

le 23 mai 2016

42 j'aime

7

The Strangers
Thibault_du_Verne
4

THE STRANGERS – 8/20

Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne...

le 27 juil. 2016

38 j'aime

En attendant Bojangles
Thibault_du_Verne
6

Cinéma | EN ATTENDANT BOJANGLES – 13/20

Tombé sous le charme de cette fantasque histoire d’amour à la lecture du roman d’Olivier Bourdeaut, j’étais curieux de découvrir quelle adaptation Regis Roinsard allait en tirer, lui qui a prouvé...

le 22 janv. 2022

26 j'aime