Captain Marxist

Captain Fantastic de Matt Ross, primé au Sundance, à Cannes, à Deauville...
Vanté pour sa mise en scène. Et pourtant, ce n'est peut-être pas ça la vrai force du film.
Ben, un père de famille éduque ses enfants à sa façon. C'est à dire sport quotidien, nourriture équilibrée et sélectionnée, culture poussée, capacités intellectuelles extraordinaires et établissement d'une morale radicale et honnête. Un exemple est quand une fille dit que le livre qu'elle lit est "intéressant", toute la famille lui rappel que le mot est interdit car il ne veut pas dire grand chose. Résultat, elle doit argumenter et chercher à expliquer correctement ce qu'elle ressent pour le livre.
Et toute cette belle famille, cette communauté, vit dans la nature. Quand leur mère bipolaire meurt, et que leur père leur explique sans mentir qu'elle s'est tailladée les veines, ils décident d'aller à son enterrement. Problème, la famille veut un enterrement chrétien et la petite communauté veut que les funérailles respectent la volonté du testament. Voilà donc Ben et ses 6 enfants partir en quête du respect de la volonté de la défunt. Et ils vont devoir affronter toute la bien-pensance, toute l'hypocrisie de la civilisation consumériste.
Pour le message politique du film, il n'y a rien de forcément très subtil et ce n'est de toute façon pas l'intérêt.
Deux points particuliers font que ce film est vraiment top.
Le premier point, ce sont les personnages et le second, c'est les difficultés qu'ils affrontent.
Parce qu'au niveau des personnages, quand vous créez une famille de 7 personnes complètement excentriques et très intéressants (oups), déjà il y a quelque chose. Mais quand en plus, ces 7 personnages ont des réactions cohérentes, crédibles et sans failles tout au long du film, et bah là, on peut se dire que c'est foutrement bien écrit. Parce que si on est parfois surpris, ou on se surprend à rire d'une situation cocasse, on ne peut pas dire que l'écriture s'est mit des limites pour être correct. Et du coup, ça ne peut rendre le film que plus efficace.
Efficacité pour faire quoi ? Et bien pour rendre du coup crédible toutes les interactions avec le monde extérieur. Ok, dans n'importe quel film, des excentriques en auront, de ces difficultés. Mais là, il y a quelque chose de vraiment bon. C'est que ces difficultés n'amènent pas à une morale forcée dont voudrait le réalisateur. Tout se déroule naturellement, prend sens et du coup, ça apporte un regard assez objectif sur la situation. A aucun moment, on va essayer de vous mettre dans une zone de confort pour que vous vous satisfaisiez de vos petits vices consuméristes. Parce que du point de vue des personnages principaux, ça n'aurait pas de sens. Mais attention, ça veut pas dire qu'on va vous faire culpabiliser. Non, c'est juste que l'histoire se tient, est crédible, et ce n'était pas gagné.
Je n'en dis pas plus, allez le voir. Le film est drôle, humain, authentique et beau. Donc il mérite d'être vu. Il a un petit essoufflement en milieu de film puisqu'il reprend en parti les codes du drame dans le cinéma américain. Et du coup, c'est un peu agaçant, ça inquiète pour la suite du film, on peut perdre légèrement l'attention. Mais rien de méchant. Ca passe très vite car ces passages posent tout un tas de questions.