Enchaîné à une comparaison...
Avant de parler du film, je dois préciser une chose : Captives n'a pour moi rien à voir avec Prisoners. Les seuls points communs sont l’enlèvement d'une petite fille, certains personnages, et le fait que l'action se passe au Canada (ou au Nord des Etats-Unis). Captives est donc un thriller dans lequel une jeune fille de dix ans est enlevé, et est recherchée pendant 8 ans par la police, qui a surtout pour but de démanteler un réseau de pédophile, et par sa famille, en quête de réponses face à ce kidnapping assez mystérieux. On suit alors plusieurs personnages, du père à la cellule d'enquête spécialisée en passant par le ravisseur lui même.
Un des premiers aspects particuliers de ce film est la narration : je n'arrive pas à savoir si je la trouve originale ou trop bordélique, car, tant qu'on a pas compris son principe de saut dans le temps, on ne comprend pas le film (j'ai du mettre cinq minutes au moins avant de réussir à suivre l'histoire). D'une scène à une autre, des ellipses temporels sont faites, en allant dans le passé, au moment de l’enlèvement, jusqu'au quasi-dénouement tout en repassant à des périodes intermédiaires, comme cinq ans après l’enlèvement. C'est assez perturbant, surtout lorsqu'on voit un personnage se faire mettre hors jeu, avant de le voir travailler normalement le plan suivant.
La musique est assez présente dans ce film, surtout à base de violoncelles et de cuivres lorsqu'un personnage va droit dans un piège, ou par un piano pour les moments de stress et de recherche des parents (la façon dont les notes sont jouées évoque un peu leur cœur qui s'emballe). Si elle est pas de mauvaise qualité, je la trouve un peu trop présente au début du film, car elle coupe un peu l'attention du spectateur.
Les personnages expliquent pourquoi Captives est autant comparé à Prisoners : Ryan Reynolds, qui joue le rôle de Matthew Lane, a exactement le personnage que Hugh Jackman dans le film de Denis Villeneuve : barbu, artisan qui aime sa fille plus que tout, et qui refuse de parler à la police. Le seul point qui diffère est qu'il n'a pas le côté prêt à tout comme Jackman, et qu'il ne mène pas vraiment sa propre enquête. De même, Scott Speedman ressemble beaucoup trop à Jake Gyllenhaal, surtout par sa coupe de cheveux, et le fait qu'il soit assez dévoué à son enquête, jusqu'à prendre le risque d'exposer sa nièce au réseau de pédophile. Les deux acteurs jouent bien leur rôle, mais ils souffrent quand même de la comparaison qui se fait automatiquement si vous avez vu Prisoners. On peut aussi noter le jeu de Kevin Durand, qui a du perdre beaucoup de poids depuis son rôle Vasiliy Fet dans la série The Strain pour incarner au mieux ce ravisseur, qui semble assez inoffensif mais qui se révèle sans pitié.
La réalisation est assez bonne, avec des plans assez intéressants, comme filmer une conversation dans une voiture par la vitre arrière. Le seul problème que j'ai avec cette réalisation, c'est que ce qu'on nous montre est trop propre, trop gentillet. Certes, je n'ai pas envie de voir des enfants se faire torturer/violer, mais on ne nous montre pas assez du travail des enquêteurs, à part leur traque des pédophiles via internet. On ne sent pas le traumatisme des victimes ou des enquêteurs dû au fléau qu'ils ont vécu ou qu'ils essayent d'arrêter.
En conclusion, je ne le déconseille pas : je trouve que c'est un assez bon thriller, qui malheureusement souffre d'une comparaison avec Prisoners (qui est un de mes films préférés) alors que peu de points les relie. Sa narration risque aussi de vous perturber au début du film, mais c'est un point original du film (bon ou mauvais, à vous de juger).