Le grand problème du film, c'est qu'il est beaucoup trop bancal. Formellement, le film est d'une élégance remarquable avec sa photographie lumineuse et une mise en scène épurée dans toute l'esthétique qu'elle déploie. C'est au niveau de sa dramaturgie qu'il y a un hic. Le film se met en place dès le début sur trois époques différentes en alternant celles-ci, et si cela apparaît certes quelque peu décousu, j'ai beaucoup aimé être momentanément baladé successivement d'une époque à une autre. Il y a un sentiment d'instabilité mêlé à une vague incompréhension que je n'ai pas trouvé désagréable du tout. Le réalisateur aurait pu mettre des repères temporels visant à indiquer les bonds en avant et les retour en arrière mais franchement à quoi bon, quand il arrive au même résultat grâce à un montage favorisant en plus une véritable immersion chez le spectateur ? Cela dit, outre ce gentil tour de force narratif qui fonctionne sur les 20-25 premières minutes, l'ensemble du film apparaît globalement plat dans tout son développement, manquant d'un certain relief dans les situations qu'il met en place, ce qui est d'autant plus frustrant qu'il arrive à offrir de temps à autres de véritables fulgurances émotionnelles qui arrivent à s'imposer dans la froideur du film (froid dans tous les sens du terme) et quelques jolis morceaux de bravoure qui créent leurs effets mine de rien (car la scène de la filature puis de la course poursuite, ça n'a l'air de rien et c'est certes très quelconque mais malgré tout ça marche du tonnerre grâce à la mise en scène d'Egoyan et un je-ne-sais-quoi en plus qui a réussi à me scotcher sur mon siège!). Le film, malgré son sujet, n'est jamais véritablement violent voir même malsain car le traitement donne à l’ensemble quelque chose d'assez désincarné pour ne pas trop heurter le spectateur malgré la perversité de la situation. Est ce pour le coup une qualité ? Est-ce un défaut ? C'est selon les moments je dirais, sachant que Reynolds est plutôt monolithique dans le film, donnant parfois l'impression qu'il a été engagé justement pour ça (un peu comme Ben Affleck dans Gone Girl).
Kahled

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