Un bon 7/10 pour Carbone…
Il est dans mes habitudes d’écrire des critiques autant sur les nouveautés que sur des films plus anciens, envers lesquels je garde une vraie affection. Carbone ne fait pas exception. Après un troisième visionnage du long-métrage d’Olivier Marchal, mon avis a-t-il évolué depuis ma première expérience, très positive ? Pas vraiment, même si mon regard est aujourd’hui plus nuancé.
J’apprécie le travail d’Olivier Marchal, malgré quelques faux pas au sein de sa filmographie. On ne peut nier qu’il s’est spécialisé dans un certain type de polar : des univers âpres, où police et criminels se confrontent sur fond de trafics en tout genre. Carbone s’inscrit pleinement dans cette veine, en s’inspirant de la célèbre fraude à la TVA sur les quotas carbone qui fit scandale autour de 2008. On suit ici un chef d’entreprise au bord du gouffre, découvrant une nouvelle combine lui permettant d’entrevoir une sortie de crise. Mais pour lancer son “casse”, il doit emprunter une grosse somme à un mafieux inquiétant, ce qui va évidemment déclencher une succession d’événements incontrôlables. Le film déroule son intrigue à un rythme soutenu, presque étouffant, ce qui épouse assez bien la frénésie réelle qui entourait cette fraude à l’époque. L’ambiance sombre, poisseuse, participe pleinement à la tension. En revanche, l’explication technique de la fraude est parfois un peu ardue et risque d’égarer le spectateur. Cela reste néanmoins secondaire : la compréhension émotionnelle et narrative suffit à suivre l’ensemble. Plus gênante à mes yeux, la scène d’ouverture dévoile trop tôt le sort d’un personnage, enlevant un potentiel impact dramatique à la fin. Un choix qui, selon moi, amoindrit un peu la charge émotionnelle que le film aurait pu offrir.
Côté casting, Benoît Magimel livre une prestation solide, comme souvent. Michaël Youn surprend agréablement dans la peau d’un expert-comptable, rôle qui lui va étonnamment bien. Gringe tire aussi son épingle du jeu, contrairement à Idir Chender (son frère dans le film), assez inégal, alternant justesse et surjeu. Quant à Gérard Depardieu, son apparition est courte mais particulière : difficile de trancher entre présence naturelle et diction approximative. Sur le plan technique, Marchal reste fidèle à son style : efficace, sans fioritures, mais sans réelle audace visuelle. La bande-son, en revanche, apporte une vraie personnalité, notamment grâce à Orelsan dont les textes encadrent l’histoire et résonnent avec l’évolution du personnage principal. Carbone n’innove pas, mais remplit entièrement son contrat.
Points forts :
- Une nouvelle réussite solide pour Olivier Marchal
- Benoît Magimel, impeccable et imposant
- Une bande-son originale et plutôt audacieuse
- Un rythme tendu, presque suffocant
- Un scénario ancré dans une histoire réelle fascinante
Points faibles :
- Des prestations parfois inégales
- Une scène d’ouverture discutable
Conclusion
Carbone demeure un polar efficace, tendu et maîtrisé. Marchal signe un film sombre, porté par un casting globalement solide et par un sujet passionnant, inspiré d’une affaire hors norme. Malgré quelques choix narratifs discutables et un jeu parfois inégal, l’ensemble reste réellement prenant. Trois visionnages plus tard, le film conserve son intensité et confirme qu’il figure parmi les réussites les plus cohérentes d’Olivier Marchal.