Un potentiel gâché

Deux heures très longues pour moi, qui était pourtant toute prête à me laisser porter, tant les noms de Benjamin Millepied et Paul Mescal étaient pour moi gages de qualité (Aftersun a été mon plus gros coup de coeur de l'année). J'étais prête à être indulgente pour un premier film mais là... ://

C'est terrible parce que rien n'est crédible et même si on s'en fiche du crédible parfois au cinéma, là ça choque parce que ça rend le film poussif et ennuyeux. Beaucoup de personnages sont clichés et ne servent à rien sincèrement (le chauffeur de taxi et le musicien...). Ils pourraient être intéressants dans la quête des deux protagonistes, mais simplement la façon dont ils sont amenés (rencontre, dialogues, réalisation...) rend le tout plat.

Les scènes s'enchainent mais sans aucun liant, j'ai vraiment eu une impression de juxtaposition continue. Les dialogues ne font rien avancer et sortent beaucoup de platitudes faussement émouvantes. Il y a une volonté de "faire de l'effet", avec des plans au ralenti à gogo mais ça m'a juste agacé parce que j'avais une impression de remplissage un peu pompeux. Et je n'aime pas quand on veut me forcer à être émue à coups d'effets mal maitrisés parce que le film est trop insipide pour émouvoir de lui-même.

Je venais aussi beaucoup pour les danses et j'ai été très déçue, les chorégraphies sont vraiment banales. Comme évoqué dans d'autres commentaires, il y a malgré tout cette scène de combat à mains nues qui emporte davantage que les autres. C'est la seule scène où j'ai un peu cru à l'urgence et la détresse dans laquelle est Aidan (=Paul Mescal). On y sent un esprit de groupe intéressant, à la fois stimulant et oppressant.

J'ai trouvé Melissa Barrera peu crédible en Carmen malheureusement. Son maquillage ne l'a pas aidé au début du film (yeux pimpés et peau parfaite dans le désert alors qu'elle est censée être en exil depuis plusieurs jours/semaines ?). Certes c'est Carmen mais enfin. Et je l'ai trouvée vraiment trop lisse pendant tout le film, elle ne m'a jamais touchée (sauf peut-être une scène où elle pleure mais c'est grâce à l'interaction solide avec Rossy de Palma).

Quelques paysages sont beaux et bien filmés je dirais. Je trouvais intéressants les choeurs de la musique de Nicholas Britell les premières fois, mais bon quand on en use et abuse ils deviennent lourds et perdent leur effet oppressant.

A mon sens, rien ne fonctionne vraiment, même pas la relation amoureuse centrale, bien loin de l'envoûtement et la passion de la nouvelle de Mérimée.

Je voulais y croire, et finalement je n'ai cru à rien du tout.