Ailan (Paul Mescal), ne boit que du Pepsi. Le film Carmen est un comme un plat de fast food : il vend du rêve, a des ambitions gourmandes, voire gourmettes, pour finalement ne pas nourrir ou mal le faire. En plus d'un scénario maigre comme la feuille de salade au milieu d'un burger, d'un découpage haché et d'un montage grossier, on ne retrouve pas l'ampleur tragique que la musique de chœurs veut nous faire ingurgiter. Les intentions des personnages ne sont jamais claires, leur passé n'est pas exploité. La mise en scène n'est pas particulièrement soignée. Même les chorégraphies, dont on pourrait supposer qu'elles soient le point fort de Benjamin Millepied, chorégraphe de renom, sont fades globalement. Quelques exceptions à noter cependant : le début du film, qui éveillait pourtant un désir de plonger dans l'ambiance dansée et violente du film, malgré l'annonce dès lors du montage qui charcute le corps (il y a des coupes qui devraient être interdites, et pas seulement le mulet, mais aussi les coupes fauchées des plans de danse) ; la fin du film, moment de surprise lors du combat d'Ailan, étonnamment chorégraphié, comme pour tenter de briser la dichotomie mâle violence et femelle danse, en mêlant les deux univers genrés. La danse finale et métaphorique est un pétard mouillé, mais on apprécie la présence de Rossy de Palma (la rondelle de tomate coincée entre le steak et le fromage industriels ?!), comme on peut apprécier certains décors australiens aux allures mexicaines, couleur de frites et de chili parsemé. On regrette que les corps n'existent pas à l'écran, le film est désincarné, et il faut avouer que c'est un peu le comble, quand on filme la danse et le combat. Tout est prévisible, on sort avec le sentiment d'avoir mangé quelque chose, mais quoi, on ne sait plus, et quel goût ça avait, on ne sait pas non plus. Une sorte de globiboulga, finalement inachevé, qui nous aura coûté en fin de compte plus cher que ce qu'on pensait (l'inflation, dira-t-on, comme si elle allait avec la réduction de la taille des portions).

Alfred_Babouche
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le 6 août 2023

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