Carol
6.9
Carol

Film de Todd Haynes (2015)

Si vous ne pouviez avoir qu’un seul film chez vous, lequel serait-il ?

Posez-moi la question et dans un vif élan du cœur qui ne nécessite pas la moindre hésitation, je vous répondrai : CAROL !!!

Mais... me répondrez-vous après avoir fait vos petites recherches, si Carol est le seul film que tu veux à ton chevet, pourquoi n’est-il placé qu’en neuvième position dans ton top 10 des meilleurs films de tous les temps ? 

Hé bien, c’est simple, cher.e.s inconnu.e.s, mon top 10 ne contient que des drames, des drames lourds sur des sujets particulièrement déprimants. Carol, comme les 9 autres films de mon top 10, nous embarque dans une période, un sujet qui font très vite naître en nous un sentiment de révolte combinée à une forme d’impuissance. L’impuissance des spectateur.ice.s qui ne peuvent que regarder le film mais resteront toujours dans l’impossibilité de changer le cours de l’histoire (s’il s’agit d’un fait historique), ou le cours du film lui-même -que nous pouvons, certes, cesser de regarder au moment où nous le désirons pour ne pas trop voir la cruauté des faits, mais qui restera toujours un objet fini avec un début et une fin qui ne bougeront que si Todd Haynes et/ou les producteur.ice.s décide.nt de retoucher un jour au montage.
Mais il y a une différence entre des films comme Punishment Park, The Children’s Hour, Elephant Man, tous les autres films de mon top 10 et Carol : la fin.
Carol est un film d’espoir là où tous les autres sont des films, bien que magnifiques, qui te détruisent l’âme et donnent un nouveau coup sur ton manque de confiance en la société, voire en l’humanité. Il y a évidemment ce ressenti là devant Carol, mais, plutôt que d’aller se rouler en boule sur notre lit devant notre impuissance face à un système trop grand pour nous, notre cœur réagit, il bat, il bat plus fort, plus rapidement et te conforte dans l’idée qu’il suffit de le vouloir pour être qui tu veux être, pour t’assumer, pour laisser s’affirmer la personne que tu es et défoncer tous les obstacles sur ton passage.
C’est ce don puissant, ce regain de sentiment de contrôle de soi qui fait que Carol est LE film que je choisirai d’avoir si je ne devais en choisir qu’un.

Mais ça va encore plus loin que simplement ce sentiment satisfaisant que l’on peut prendre sa vie en main. Carol est un film dont la photographie, les couleurs, sans oublier la merveilleuse musique, sont des éléments contribuant tous à faire naître en nous les même sentiments que ceux naissant entre Thérèse et Carol. Ces sentiments nous placent rapidement dans le même cocon que celui dans lequel s’installent les deux personnages, à la fois confortable, troublant et terrifiant.
Le désir naissant entre les deux personnages, la tension que cela engendre à cette époque vis-à-vis des autres mais également vis-à-vis d’elles-même montent également en moi, et j'espère, aux autres spectateur·ices, pendant tout le long-métrage. Petit à petit, je regarde le film comme s’il était devenu vital pour moi- peu importe le nombre de fois que je l'ai vu. Que ce soit la 2e ou la 20e fois, la tension reste la même. Je réagis de façon tout autant disproportionné lorsque je découvre avec Carol l'espion de la chambre d’hôtel voisine de celle de Thérèse et Carol, je ressens la même frustration que celle de Carol lorsqu’elle est contrainte de faire taire ses attirances pour avoir le droit d’à peine apercevoir son enfant et bien sûr je fonds tout autant d’amour que Thérèse devant le regard profond et passionné de Carol lorsqu’elle prononce les mots « I love you ».

Tous ces points et tellement d’autres, TOUT le film fait que j’en suis tombée amoureuse et que j’en tombe encore amoureuse à chaque visionnage.

J’ai déjà eu des attirances, des désirs, des pulsions qui me poussent à voir ou revoir une œuvre, mais jamais je n’ai été à ce point éprise d’un film.

Carol est un amour que je ne me lasserai jamais de consommer.

EloSMytilène
10
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le 25 oct. 2018

Critique lue 690 fois

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