Le premier film de Richard Brooks semble parfois impersonnel et un peu naïf ; on en sort avec le sentiment que son propos est resté à la surface et inabouti.
En premier lieu, cette évocation d'une dictature sud-américaine manque d'envergure. On n'y trouve aucun réalisme, ni dans l'action, ni dans la représentation, très sommaire, des conditions d'existence du peuple. De sorte que ce pays anonyme et fictif prend malgré lui les proportions d'une dictature d'opérette.
Livré au pouvoir d'un homme cynique et belliqueux qui défend une philosophie de l'autoritarisme particulièrement complaisante, le pays est au bord de la révolte. C'est dans ces conditions qu'un touriste américain, chirurgien de son état, est kidnappé afin d'opérer le tyran.
Les deux hommes s'opposent, antagonisme poli entre le citoyen américain sûr de ses convictions, de sa culture démocratique, et le partisan du coup de force. Le premier doit-il sauver le second ? Comme l'indique le titre, la question se pose en effet. Elle s'intègre parfaitement aux considérations politiques autours desquelles s'articule le récit. Malgré sa trop grande simplicité, le film met aux prises deux personnages intéressants, et les échanges entre Cary Grant et José Ferrer donnent un relief utile au sujet. Grâce aux deux interprètes, les insuffisances de l'environnement social et humain sont moins criantes.