Le nom de Casanova évoque immédiatement l'image de l'aventurier séducteur par excellence, érudit, libertin, un James Bond ou Indiana Jones raffiné des Lumières. On attend donc d'un film portant son nom une fresque vive, sulfureuse, pleine de passion et d'intelligence. Malheureusement, le Casanova de Lasse Hallstrom trahit en cela la promesse des grands biopics du XVIIIe, loin d'une Marie-Antoinette de Sofia Coppola ou d'un Amadeus de Milos Forman.
Le film réduit Giacomo Casanova à une sorte de héros de farce pseudo-romantique, plus proche d'un personnage caricatural que du personnage romantique du grand siècle. Heath Ledger, malgré son charme naturel, se retrouve enfermé dans un rôle aux accents artificiels et puérils, dans un récit cousu de clichés hollywoodiens.
Le scénario passe complètement à côté de la richesse du personnage. Exit ses voyages, ses intrigues diplomatiques, son rôle d'espion, ses écrits, son évasion légendaire des Plombs ou ses liaisons célèbres. A la place, on nous sert des quiproquos dignes d'une comédie enfantine, agrémentés de quelques touches d'érotisme maladroit : une fellation sous une table (plutôt que d'évoquer son plan à trois historique avec l'ambassadeur de France - et prince de l'Église - Bernis !)
L'humour est poussif et simpliste, les situations prévisibles, et l'ensemble n'est à des années lumières de ce qu'était le libertinage du XVIIIe. En voulant séduire le grand public américain, Hollywood crée un film creux et lui retire toute majesté - y compris au Doge !
Seul point de salut : Venise. Les palais, les canaux, la lumière des lagunes, les costumes, les masques du Carnaval... Malheureusement, ces images ne suffisent pas à elle seuls à sauver un récit insipide.
En définitive, ce mauvais Casanova n'est ni un biopic, ni un hommage, ni une comédie baroque. C'est une mascarade maladroite, qui insulte une incarnation haute en couleur d'une époque flamboyante. De grâce, Hollywood, à l'avenir, abstenez-vous !