50/50 – Casino Royale (Martin Campbell, 2006)

/!\ ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILS /!\


Le principe des 50/50 (concept inventé par Linksthesun https://www.youtube.com/user/LinksTheSun , consiste à noter et critiquer un film en y relevant 5 points positifs et 5 points négatifs et à les ranger par ordre d'importance afin d'en tirer une note et une critique globale tournant autour des principaux points du film, qu'ils soient positifs ou négatifs.


1. Un scénario basé à coups de bluff dans les relations (+)


L'un des propos du film, c'est qu'il ne faut jamais se fier à quiconque, l'ennemi peut provenir de n'importe où. Et c'est justement ce qu'il se passe puisque James Bond se fait trahir par les deux seules personnes (à part M) en qui il a confiance, Mathis et Vesper. Ce grand retournement de situation fait un rapprochement avec le poker, élément central du film dans lequel les joueurs bluffent entre eux. Le Chiffre parvient même à bluffer son bluff pour tromper l'agent secret tout comme le feront Vesper et Mathis. Le lien poker – agents secrets est tracé et le film se fait un plaisir de nous le montrer.


2. Des méchants avec toujours des traumatismes physiques (-)


Les méchants sont reconnaissables à vingt kilomètres... Le Chiffre a une cicatrice et un oeil blanc, le terroriste au début du film a le visage gravement brûlé ou encore le mercenaire Gettler qui porte un cache-oeil. Pourquoi donc ce choix? Le coup des méchants mutilés est une idée déjà vue et revue et rien n'est plus horripilant que d'un simple coup d'oeil on puisse distinguer les ennemis des alliés. Ca peut rester une bonne idée, de nombreux films ont repris ce concept de méchant défiguré ou à l'apparence différente des autres, mais ce manque cruel de subtilité à la limite du cliché mauvais reste crispant, surtout quand le propos du film repose sur le bluff et les fausses apparences.


3. L'étrange réactions des personnes normales face aux évènements (-)


Que ce soit à Venise ou dans l'aéroport à Miami, James Bond poursuit un ennemi dans des scènes d'actions aux péripéties rocambolesques mêlant explosions et destruction. Pourtant, les figurants réagissent à peine, comme si ce n'était pas si catastrophique que ça. Quand le bâtiment de Venise s'effondre sur lui-même, les personnes en bateaux ne bougent pas et préfère rester juste à côté pour observer, oubliant le danger qui pourrait leur arriver de rester si près. De même, dans la course poursuite de l'aéroport de Miami, le déclenchement de l'alarme incendie et la traque des policiers face à un dangereux camion-citerne fou qui conduit sur la piste n'empêche pas les travailleurs de sortir sans aucune crainte un avion Skyfleet prêt à décoller malgré tout ce qui se passe à côté.


4. Une esthétique du film et un rythme très intéressants (+)


Le film a une esthétique que j'apprécie beaucoup. Les plans sont bien cadrés avec une gestion magnifique de la lumière et des couleurs, ce qui donne au film un bel aspect visuel pour ses scènes posées. La gestion du rythme est d'ailleurs bien respectée, laissant les plans respirer sans être trop longs. Du côté des scènes d'actions, elles sont certes assez classiques mais cela reste du bon niveau, les plans rapides s'enchaînent sans problèmes et le spectateur n'est pas perdu dans l'action, il comprend parfaitement ce qu'il se passe. Enfin, les passages entre scènes d'actions et scènes posées ne sont pas trop abruptes, le rythme diminue brutalement mais ce changement soudain n'est pas trop perturbant car la gestion du timing des scènes d'actions et des scènes posées permet au spectateur d'avoir sa dose d'action/scènes posées ni pas assez ni trop.


5. De bonnes musiques qui gardent un côté 007 classique mais qui se démarquent (+)


David Arnold a su donner un peu d'air frais aux musiques du film. Partant du générique You Know My Name de Chris Cornell, il a composé sa bande-son en s'en inspirant, donnant l'impression que la chanson défile tout au long du film. Cette bande-son est très entraînante et se lie bien avec l'image, elle sait quand se poser et laisser l'image dominer et quand elle doit être forte pour accompagner l'image et lui donner du punch. Les musiques donnent l'impression d'être différentes des musiques classiques de James Bond, comme si on voyait un film autre que 007, et pourtant certains airs semblent résonner comme une musique James Bond typique. Assez difficile à expliquer, quand on écoute les musiques on est divisé entre les sensations qui donnent l'impression de se détacher d'un James Bond classique et les autres sensations que le film retourne à ses origines classiques de l'agent secret.


6. Un agent secret qui commet de nombreuses erreurs sans aucune sanction (-)


James Bond est tout juste gradé agent double-zéro, il fait exploser une ambassade. Il pénètre par effraction chez M, sa supérieure, et pirate son ordinateur pour avoir accès à des données confidentielles... Quand est-ce qu'il va subir une véritable sanction ou être mis de côté pour ses actes? M le lui fait remarquer, James Bond outrepasse les limites, les services secrets ne peuvent pas se permettre de laisser fuiter des informations secrètes ou commettre des actes à la limite de l'attentat. Pourtant, James Bond s'en sort sans aucun reproche à part des vacances forcées qu'il va rapidement écourter. C'est à se demander si les services secrets se moquent de leur travail.


7. La présentation du Chiffre qui ne passe pas (-)


Le Chiffre est un personnage charismatique, ça c'est sûr et c'est indéniable. Pourtant, lors de sa scène d'exposition sur le yacht, sa présentation est d'un cliché horripilant. Alors qu'il joue au poker, une larme de sang s'écoule de son oeil blanc. Il explique que ce n'est pas grave, que c'est un dérèglement de ses glandes lacrymales, rien à redire je trouve que cette présentation est parfaite, elle montre le côté calme et imposant du personnage tout en lui délivrant une particularité qui le rend différent des autres. Mais ensuite, il déclare tapis en prévenant son adversaire qu'il a 17,4 pourcent de chances d'avoir un meilleur jeu que lui. Ce côté "il est tellement intelligent qu'il calcule les pourcentages au poker" c'est de trop. La scène ne passe plus, on sait que c'est pour montrer son intelligence, mais le résultat n'est pas celui qui était voulu. A la place cette scène fait trop synthétique, elle manque de naturel et perd toute crédibilité. Heureusement que la prestation de Mads Mikkelsen tout au long du film permet d'oublier cette erreur dans la présentation pour redevenir un méchant classe.


8. Des scènes d'action trop rocambolesques (-)


Les scènes d'action de ce film dégénèrent beaucoup trop rapidement. On part d'une simple course-poursuite, cela se termine en combat en haut d'une grue, un bâtiment en construction qui explose, une ambassade armée qui explose... Les scènes sont beaucoup trop rocambolesques, les cascades et les dégradations du paysage environnant sont trop rapides, le film perd en crédibilité et fait plus penser à un film d'action typiquement blockbuster où tout doit exploser. Une simple fusillade à Venise? Faisons s'écrouler un bâtiment! Dans d'autres films, ceci n'aurait pas été gênant. Mais dans ce film, il dégage une telle atmosphère qu'on a l'impression que le réalisateur voulait faire un bon film, ne pas tomber dans les travers des anciens James Bond. Pourtant, ces scènes d'actions disproportionnées sont toujours présentes et portent atteinte au film dans son style si particulier.


9. Un James Bond plus violent, plus improviste (+)


James Bond est plus violent, les scènes de combat sont plus brutales, et notamment la première en noir et blanc, elles sont d'une violence inédite dans la saga de l'agent 007. Ce James Bond est plus direct, les coups sont francs, le désir de mort est présent. De plus, quand la situation dérape, Daniel Craig arrive avec brio à montrer l'improvisation de son personnage pour se démêler de la situation, même si cela implique de faire sauter un bâtiment entier. Contrairement à d'autres films où cette improvisation semble prise au dernier moment, avec Daniel Craig c'est comme si on pouvait lire dans son visage ses pensées et suivre ses actions qui sont réfléchies tout en étant mêlées à l'instinct. Cet aspect donne aux scènes d'actions un côté très réaliste au film.


10. Un James Bond moins parfait que ses prédécesseurs (+)


Casino Royale marque un coup violent en présentant pour la première fois un James Bond différent de ses prédécesseurs. James Bond est un homme loin d'être parfait. Fini l'homme à femmes beau, intelligent, musclé et drôle, place au James Bond violent, manipulateur, sans coeur et entêté. Ce James Bond, moins parfait que les autres, gagne énormément en profondeur, c'est un personnage détesté de ses proches qu'on nous présente. Seul l'amour de sa vie, Vesper, saura changer à jamais la vie de Bond, mais il en reste pour autant marqué. J'aime beaucoup l'exploitation de ce côté sombre de James Bond, capable de prévoir une partie de jambes en l'air pour soutirer des informations mais aussi capable de l'écourter sans attendre une fois l'information obtenue.


Au vu de tout ces points positifs et négatifs, j'en arrive à une note globale de 11.2/20 pour le film.

YannLaffont
6
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le 5 févr. 2018

Critique lue 365 fois

Yann Laffont

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