Reboot d'une saga mythique dont je ne suis clairement pas expert, Casino Royale est censé collé davantage au premier roman du même nom (que je n'ai pas lu) et propose un personnage de James Bond plus sanguin, plus physique, en somme plus apte à faire face à la réalité de ses missions. D'où le choix de Daniel Craig. Attention, spoil.


Cet élément est mis en avant très rapidement à travers la première course-poursuite entre 007 et un homme dont les aptitudes en matière de parkour rendent la scène très appréciable. C'est d'ailleurs la meilleur scène d'action selon moi, à la fois urbaine et en hauteur. Ce 007 va droit au but, tel un "bulldozer" si l'on suit la comparaison par M, quitte à faire exploser une ambassade pour arriver à ses fins. Les bases sont ainsi posées.


En cela, Daniel Craig est un bon choix. Le manque d'émotion sur le visage, une carrure épaisse, des yeux bleus perçants, tous ces éléments sont utilisés à bon escient pour le reste du film, lui donnant une aura particulière. Cette volonté de changement s'exprime notamment dans le plan ou celui-ci sort de l'eau sur la plage, et fait référence d'après ce que j'ai lu/entendu, au plan du premier James Bond dans lequel c'est la James Bond Girl qui sort de l'eau ainsi, en bikini, donnant un aspect plus moderne à Casino Royale.


Ce James Bond possède de plus quelques idées intéressantes. Pour moi, la plus notable est celle de confronter le héros au grand méchant sur un terrain à l'opposé de ce que le film présente sur les compétences de 007 depuis le début. Exit l'efficace brutalité, l'affrontement a lieu autour d'une table de poker, est régie par des règles et impose une tactique différente. Un peu à la manière de Sergio Léone avant les coups de feu, la caméra insiste d'ailleurs sur les visages. C'est un combat d'esprit et de bluff, que Bond finit par remporter face au grand méchant du film, bien campé par Mads Mikkelsen.


Ainsi notre agent sait manier d'autres armes comme son intelligence, mais surtout son charme meurtrier (littéralement), qui n'épargne aucune des deux James Bond Girls présentes ici, à savoir Caterina Murino et Eva Green. Si l'on peut passer sur l'importance de la première, la seconde occupe une place centrale. Elle est présentée comme une femme intelligente, cultivée et avec des responsabilités, censée accompagné notre héros sans être, au premier abord, convaincue par sa personnalité, ce qui donne lieu à quelques punchlines esquissant un sourire au spectateur ("vous prendrez le prochain [ascenseur], il n'y a pas assez de place pour votre égo et moi-même"). Finalement, le rapprochement se fait par une jolie scène sous la douche, sans nudité ni sexualité, mais dans la simplicité, pour se rassurer après une épreuve intense. J'ai personnellement apprécié l'interprétation d'Eva Green, qui a su donner à ce personnage une profondeur, notamment à la fin puisqu'elle s'avère être une "agent double" victime de chantage, et qu'elle en paiera le prix fort, ne pouvant (ni ne voulant) se sauver elle-même. Elle qui pourtant, a percé le cœur de cette armoire à glace qu'est 007.


Cependant, je n'ai pas été ébahit par le film dans son ensemble. Dans la réalisation et la mise en scène, la première scène du film m'a paru la plus originale : toute en noire et blanc, comprenant un flashback illustrant par bribes la violence d'un combat dans des toilettes entre 007 et des sbires, avec quelques angles de caméra originaux. Puis après celle-ci, le reste est somme toute assez classique. A part les quelques références qui placent le film dans la lignée des James Bond, il n'est pas, selon moi, si différents des films d'actions similaires qui pullulent ça et là. La réalisation est certes très soignée, les moyens y sont. Mais rien qui ne sorte vraiment de l'ordinaire (peu de gadgets par exemple). Au final, la formule n'est pas si différente des précédents opus.


Je lui mets 7, parce que j'ai conscience qu'il reste un bon film, un bon reboot, et un bon James Bond. Mais je regrette ce nouveau départ que je qualifierai d'un peu "timide". Parce que même si beaucoup d'aspects diffèrent des précédents opus, la formule n'est pas si différente. J'espère que ce sera le cas pour les suivants.

Yakaledire
7
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le 11 août 2020

Critique lue 63 fois

Yakaledire

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