À trop tirer sur la corde...

Il aura fallu attendre 17 ans pour que les spectateurs n'ayant pas assisté à la comédie musicale sur scène découvre enfin le phénomène devant leur TV. Cette représentation filmée (sans public) du spectacle d'Andrew Lloyd Webber, lui-même inspiré du recueil de poèmes "Le Guide des Chats du Vieil Opossum", est l'occasion de découvrir pourquoi elle reste la quatrième pièce la plus produite à Broadway. Nous scinderons donc tout ceci en deux parties distinctes : la comédie musicale et cette adaptation filmique.

L'histoire de Cats est d'un simplisme intéressant puisqu'il n'est qu'un amas de chansons pas toujours entêtantes sur la vie nocturne de chats anthropomorphes qui souhaitent tous se présenter pour le bal annuel visant à les faire entrer au paradis des chats. Sans réels rebondissements, aux thèmes (scénaristiques comme musicaux) assez répétitifs et aux multiples personnages pas vraiment attachants, le scénario peine à demeurer captivant pour peu que l'on plonge dans ce monde finalement pas très féérique, aux costumes grossiers et à l'acting laborieux. À l'époque, l'effet a sûrement dû être homogène sur scène. En soi, Cats n'est pas très reluisant, pas très mémorable et même parfois assez ennuyeux, la faute à un rythme en dents de scie, des décors quasi-identiques et un cruel manque d'originalité (sans tenir en compte son sujet principal).

En ce qui concerne cette adaptation de 1998 elle est d'autant plus décevante car, filmée par David Mallet, un spécialiste du clip et des concerts, le rendu semble plus faux que possible. Voir un spectacle filmé par des professionnels est une chose puisque les interprètes scéniques s'adressent au public (d'habitude présent dans la salle). Ici, les chats s'adressent à un spectateur invisible, confortablement assis dans son salon, un peu ahuri de voir des gens déguisés en félins lui parler depuis la TV, accoutrés n'importe comment et chantant non-stop des tirades répétitives. Bref, ça prend pas. Agrémenté de regards caméra inopinés, d'effets spéciaux rajoutés en post-prod et d'un rythme une fois encore pénible (le spectacle a pourtant été raccourci de 40 minutes), le résultat est risible. Cats fut un gros succès sur les planches. Fut. L'adapter autre part est un projet beaucoup trop casse-gueule.