Puissent tous les débuts ressembler à celui-ci
Socrate affirmait qu'une vie sans pensée ne méritait pas la peine d'être vécue.
Penser par soi-même, hors des idéaux que nous a légués notre éducation, hors des on-dits que nous affirmons parfois avec conviction, penser hors des cadres c'est la grande odyssée à laquelle sont conviés ces enfants. Commencer à s'interroger c'est déjà donner du sens à son existence, c'est commencer à l'apprivoiser, à la rendre moins étrangère à nous-mêmes. La grande inconnue se dévoile peu à peu et sous les questions on sent poindre un grand étonnement. Beaucoup de contradictions, à leur âge toute nouvelle pensée peut ébranler l'édifice entier de leurs convictions et ça a quelque chose d'extraordinaire.
Certes, parfois ils ne s'écoutent pas ou demeurent sûrs d'eux mais ils semblent avoir une plus grande capacité à parler et à s'entendre parler. Nous, nous ne discutons souvent pas, nous monologuons, peu importe au fond ce qu'a à nous opposer celui qui nous fait face, nous somme convaincus par ce que nous pensons, ou plutôt croyons pensé non sans illusion quelques fois, et nous ne cherchons qu'à écraser la pensée de l'autre, à la faire entrer dans notre cadre, dans nos normes si rassurantes. Ce qui m'a frappé avant tout, c'est leur grande ouverture au monde, leur soif de partager ce qu'ils en pensent et qui n'est pas immobile mais mouvant au gré de ce que celui-là a entendu à la télévision, de ce que celui-ci a entendu dire de ses parents. Il y a un auto-enrichissement de la pensée que nous ne connaissons, nous, plus que trop peu. Retrouver ce « bébé qui est en nous », ne pas censurer une parole quelle qu'elle soit, l'observer avec lucidité, peut-être est-ce la leçon qu'il nous faut retenir de ce film drôle, touchant et sincère.