Dommage. Malgré un casting au top et une réalisation assez léchée, Demain je vais tuer l'Assassin de mon fils -adaptation du roman du même nom- ne parvient pas à convaincre. S'il reste un film tout à fait honnête et devant lequel on ne s'ennuie pas, force est de constater que le résultat n'est pas à la hauteur des enjeux.

Je n'ai pas besoin de résumer l'histoire, le titre vous la révèle déjà assez bien. Petit twist cependant : dès le début, les soupçons du père se portent sur le bon suspect, à savoir le manager de l'entreprise dans laquelle il travaille. On espère donc beaucoup de ce « jeu » entre les divers protagonistes : qui frappera en premier ? Comment ? En réalité cependant, le film n'exploite qu'en surface cette question et nous laisse carrément sur notre fin. Des dynamiques se nouent mais de façon assez éphémères, alors qu'elles devraient être au cœur du récit.

On regrettera aussi le peu de soin apportés aux personnages : même s'ils sont emportés par des acteurs franchement talentueux (Sami Bouajila et Jean-Paul Rouve en tête), ils restent désespérément classiques. Le méchant n'est qu'un salaud sans grandes motivations, sinon celle de garder sa vie d'avant l'accident alors qu'il la déteste positivement. Il n'y a pas d'empathie possible, or j'aurais aimé voir le personnage passer par de grosses phases de doutes, penser à l'enfant, penser aux parents (d'autant plus qu'il a lui-même deux filles). La mère est une caricature de la pauvre femme fragile et effondrée, qui n'a qu'un rôle transparent : elle ne sert qu'à être consolée, et à mettre en valeur la figure du père vengeur. A titre de comparaison, la série Britannique Broadchurch analyse le personnage de la mère de façon beaucoup plus pointue et, surtout, parvient à mettre en place une véritable phase de deuil que «Demain je vais tuer l'Assassin de mon fils» ne parvient jamais à ne serait-ce qu'effleurer. Certes, le format est bien plus court, mais aborder le sujet aurait tout de même été tout à fait possible...

Le film est donc, pour moi, une déception, tant la bande-annonce promettait de grandes choses. CEPENDANT cette production est largement meilleure que la moyenne de celles ordinairement diffusées par TF1, et on ne peut qu'encourager la chaîne à persévérer dans cette voie, et à faire enfin confiance à des équipes de scénaristes et de réalisateurs qui savent ce qu'ils font. On est encore loin de l'originalité, mais au moins il y a quelques choix couillus dans cette histoire qui forcent le respect.
Sigynn
6
Écrit par

Créée

le 31 mars 2014

Critique lue 688 fois

5 j'aime

Sigynn

Écrit par

Critique lue 688 fois

5

D'autres avis sur Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils

Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils
Fabio-R
5

Critique de Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils par Fabio R.

Je me suis laissé tenter par cette adaptation du roman de Jacques Expert car la bande annonce est très bien faite puis le quatuor est intéressant avec des rôles à contre emploi pour certains...

le 31 mars 2014

3 j'aime

1

Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils
Blockhead
7

Critique de Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils par Blockhead

Pierre Aknine, qui adapte lå le roman à succès de Jacques Expert, réalise une saisissante autopsie de la lâcheté ordinaire. Porté par un quatuor d'acteurs épatants, au ras des émotions, ce drame n'en...

le 15 déc. 2019

1 j'aime

Du même critique

The Young Pope
Sigynn
8

Exquises contradictions.

« Je suis une contradiction » annonce, dès le premier épisode, le pape Pie XIII, incarné par Jude Law. Une contradiction qu'il compare à Dieu, unique mais et trois, ainsi qu'à Marie, vierge...

le 1 nov. 2016

26 j'aime

3

L'Océan au bout du chemin
Sigynn
10

Ce livre est en lui-même un bien bel océan

Woah. Que dire d'autre ? The Ocean at the end of the lane est, à mon sens, un livre quasi parfait. On ne sait pas trop à quoi s'attendre en ouvrant ce roman. Et pourtant, une fois ouvert, c'est un...

le 2 sept. 2013

22 j'aime

2

La Domination masculine n'existe pas
Sigynn
3

J'ai mal à ma science.

Établissons quelque c­hose d'entrée de jeu ­avant d'aborder ce li­vre : contrairement à­ la façon dont elle a­ffirme présenter son ­travail, Peggy Sastre­ est loin d'employer ­une démarche...

le 28 déc. 2016

19 j'aime

5