« L’art est la première forme de liberté. Parfois, l’art est la seule forme de liberté ». Tel est le pitch que lance la bande-annonce. C’est le vrai postulat de ce film des frères Taviani. Je crois qu’il n’y a pas mieux pour résumer cette œuvre cinématographique très singulière.

Ce long-métrage est exceptionnel, tant sur le sujet abordé que la façon dont il est traité. L’action prend place en Italie. On propose à différents criminels, tous condamnés et incarcérés, de participer à une pièce de théâtre. Ils doivent donc tous se préparer à jouer au sein d’une œuvre de Shakespeare : César doit mourir, racontant le sort tragique de l’empereur précipité par une conspiration sous-jacente. On s’attend à une peinture sociale de l’univers pénitentiaire, vu sous l’angle de l’ouverture artistique. Un truc sympa, mais un peu attendu et surtout facile. Seulement, les frères Taviani surprennent et vont beaucoup plus loin.

D’une part, le style visuel est magnifique : un beau noir et blanc comme on n’en fait plus de nos jours, alterné avec quelques séquences en couleur. Puis, on fait appel à un simple prétexte scénaristique, à savoir : la salle de théâtre est en travaux. Les comédiens improvisés sont donc tenus de répéter la pièce à l’intérieur même de la prison. Autrement dit, dans les cellules, à travers les couloirs, dans la cours, partout dans l’enceinte carcérale. La prison, toute la prison, devient le véritable décor de la pièce. Un procédé basique qui donne une grande force esthétique et scénographique au film.

Finalement, les réalisateurs n’auront pas besoin de s’attarder trop lourdement sur le quotidien des prisonniers. C’est d’ailleurs ce qu’ils cherchent à éviter. D’une part, parce que ce dernier est souvent intrinsèque aux images. Et d’autre part, parce qu’ils sont en quête d’une figure de rhétorique bien plus forte, bien plus poignante. Car c’est là toute la puissance de ce film : on est tellement plongé dans la pièce, ses répétitions, son intrigue et le jeu des incarcérés, qui semblent d’ailleurs habités par leurs personnages, que l’on en oublie simplement où l’on est : une prison.

« L’art est la première forme de liberté. Parfois, l’art est la seule forme de liberté ». CQFD.

Toutes mes critiques ici : http://cinemagoo.tumblr.com/
Cinemagoo
8
Écrit par

Créée

le 24 oct. 2012

Critique lue 907 fois

2 j'aime

Cinemagoo

Écrit par

Critique lue 907 fois

2

D'autres avis sur César doit mourir

César doit mourir
PatrickBraganti
10

Critique de César doit mourir par Patrick Braganti

À la frontière du documentaire et de la fiction, sans qu’il soit réellement possible de l’associer à un genre ou l’autre, César doit mourir, le dernier film des frères et octogénaires Paolo et...

le 20 oct. 2012

12 j'aime

César doit mourir
D-Styx
10

La Culture pour survivre. Un film indispensable !

La sortie prochaine de Un triomphe, le nouveau film d'Emmanuel Courcol avec Kad Merad en théâtreux intervenant en milieu carcéral, m'a donné envie d'écrire une critique sur César doit mourir, l'un...

le 24 août 2021

9 j'aime

4

César doit mourir
Albion
8

Prison Break

Il est étonnant de voir que l'Ours d'or du festival de Berlin ne recueille à l'heure où j'écris ces quelques mots que deux notes. Peut-être le fait d'avoir eu accès à cette avant-première si...

le 14 sept. 2012

8 j'aime

Du même critique

César doit mourir
Cinemagoo
8

L'art et la liberté

« L’art est la première forme de liberté. Parfois, l’art est la seule forme de liberté ». Tel est le pitch que lance la bande-annonce. C’est le vrai postulat de ce film des frères Taviani. Je crois...

le 24 oct. 2012

2 j'aime

Do Not Disturb
Cinemagoo
5

Beau défi... non-relevé.

J’ai lu beaucoup de mauvaises critiques sur ce film. Je suis quand-même allé le voir – à reculons. Et je dois avouer que j’ai été agréablement surpris. Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour...

le 24 oct. 2012

1 j'aime

Dans la maison
Cinemagoo
8

Déclaration d'amour aux cinéphiles

L’œuvre du rejeton de la FEMIS - parce que oui, ici j’ai envie d’appeler ça une “œuvre” - se présente vraiment comme un film de divertissement, placé sous le signe du ludique. Elle raconte la...

le 18 oct. 2012

1 j'aime