Une œuvre de Cinéma pour le moins surprenante, éventuelle pré-figuration des films réalisés par l'étonnante Patricia Mazuy. Malgré une facticité entièrement assumée et des effets de style régulièrement maladroits ( caméra tournoyant vainement autour des personnages, mouvements d'appareil obvieux et démonstratifs, dramatisation mêlée de dictions monocordes et de situations stéréotypées jusqu'à épuisement, entre autres...) ce polar made by Nicloux offre néanmoins à Josiane Balasko un beau rôle de femme tour à tour meurtrie et résiliente fortement éloigné de son répertoire habituel. En 90 minutes élégamment conduites ledit métrage contient autant de défauts que de qualités, revendiquant intégralement ses incongruités pour mieux les métamorphoser en de belles aspérités de Cinéma riche en trouvailles visuelles et symboliques. Le résultat s'avère inégal et parfois raboteux mais toujours authentique, audacieux et un tantinet erratique dans ses moments de creux...


Si les deux premiers actes de cette enquête à la périphérie de la région francilienne pèchent par défaut de ventre mou le troisième et dernier chapitre nous permet de plonger dans le vif d'une action nocturne et superbement stylisée, avec en point d'orgue un plan-séquence collant aux basques du capitaine Michèle Varin interprétée par Balasko, le tout dans l’exiguïté d'une demeure champêtre magnifiée par les soins du chef décorateur Olivier Radot. Délibérément artificiel mais envoûtant dans le même mouvement de poésie inattendue Cette femme-là constitue une étrange, curieuse surprise de Cinéma peu encline aux compromis et au formatage intrinsèque au genre...


Ainsi ( et à l'instar des films que Patricia Mazuy réalisera quelques années plus tard, Paul Sanchez est revenu ! et Bowling Saturne en tête...) ce polar de Guillaume Nicloux porte un style unique en son genre se nourrissant de codes et de symboles volontairement grossiers dans leur re-présentation cinématographique mais toujours au service du récit et des ( nombreux ) personnages développés. Étayé par un casting hétéroclite et de haute volée tout à la fois ( Valérie Donzelli, Aurélien Recoing, Frédéric Pierrot, Thierry Lhermitte ou encore Florence Loiret-Caille et Pascal Demolon...), ledit métrage n'est pas en reste en termes de gras narratif et de propositions tombant parfois à plat mais témoigne néanmoins d'une fière personnalité créatrice, permettant à son réalisateur d'accoucher d'une polar singulier à l'atmosphère difficilement oubliable et descriptible. Un OVNI, rien de moins.

stebbins
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le 21 oct. 2025

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