Un film social fort et pertinent avec un Gourmet épatant que seule une fin qui navigue à vue vient t

Une première œuvre d’un jeune cinéaste suisse qui frappe fort, et même très fort au niveau du contenu. Une œuvre qui n’est pas sans rappeler celles de Laurent Cantet ou Stéphane Brizé pour leur contenu social fort. Mais peut-être moins engagé ici et davantage dans le constat. En effet, c’est un état des lieux alarmant ou l’on fait le compte-rendu d’un monde du travail contemporain gangrené par le capitalisme sauvage, notamment dans nos sociétés occidentales. C’est écrit et analysé avec beaucoup d’acuité mais surtout de manière radicale et sans concessions. Mais « Ceux qui travaillent » se pare également d’un constat sociétal amer. Tout aussi réaliste et bien senti. Il pointe du doigt l’impact que cela peut avoir sur la cellule familiale dans son entier mais surtout sur la trajectoire humaine d’un homme. On y voit une société basée sur le travail mais où seuls les bénéfices et la loi du plus fort comptent et où le consumérisme à l’extrême sont la panacée (d’ailleurs les scènes avec le plus jeune des fils sont bien vues et particulièrement éloquentes). Le constat et le bilan dressés ne sont certes pas nouveaux, les portes enfoncées peuvent sembler déjà ouvertes, mais c’est fait de manière imparable et brillante.


Au-delà de la pertinence du sujet et de l’efficacité avec laquelle il est traité, « Ceux qui travaillent » jouit clairement d’un atout de choix. Un atout qui porte encore plus haut le long-métrage. C’est bien sûr Olivier Gourmet, très souvent impeccable en premier rôle comme en rôle de soutien comme ils disent outre-Atlantique, qui tient le film sur ses épaules. Ici, on n’est même pas loin de dire qu’il tient le rôle d’une vie. Il est de tous les plans, imposant, massif et complètement en phase avec le personnage. D’abord froid, mutique et impitoyable, on suit la lente évolution psychologique de Franck, son personnage, grâce aux infimes mais prégnantes et subtiles gammes de son jeu de comédien. Chacune de ses expressions et de ses postures sont en totale adéquation avec le rôle. Du grand art et un plaisir de chaque instant à savourer en tant que spectateur que cette brillante et grande interprétation. On peut également saluer la grande précision du scénario et des dialogues, aussi rares soient-ils. Une écriture au scalpel qui joue beaucoup dans le réalisme (voir ke naturalisme) de « Ceux qui travaillent ». La réalisation pourra paraître clinique et froide mais elle correspond parfaitement à l’univers impitoyable du monde des grandes entreprises et de la recherche d’emploi pour les cadres. Quant aux seconds rôles, s’ils prennent du temps à se personnifier dans le film, les personnages de la femme de Franck et de sa plus jeune fille arrivent au bon moment pour apporter un contrepoint aux actions du protagoniste principal. On regrettera juste une fin qui s’étire et s’avère un peu opaque moralement comme dans son déroulement au point d’en gâcher un tantinet l’appréciation finale.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 12 sept. 2019

Critique lue 641 fois

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Rémy Fiers

Écrit par

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