Challengers fait étonnamment beaucoup parler de lui, sans doute grâce à Zendaya à l'affiche. Porte-étendard d'un certain retour de l'érotisme dans le cinéma américain populaire, la bande-annonce avec le trio d'acteurs qui s'embrassaient avec la température qui semble montre a fait son petit effet et plein de gens vont le voir au cinéma.
Le film est très ludique et c'est sa force. Entre ses dialogues sur le tennis qui ont un double-sens évident (ce que les personnages soulignent souvent d'ailleurs), tout ce délire de tension sexuelle autour de la sueur ou de ce que mangent les protagonistes et les rapprochements entre personnages bien filmés de près pour accentuer la tension entre eux, c'est jubilatoire.
La limite du procédé c'est d'en faire trop et Luca Guadagnino n'y échappe malheureusement pas. En effet les retours en arrière incessants qui permettent à la narration d'être riche en rebondissements sont un peu lourds à la longue, et ils en montrent parfois assez peu. On comprend assez rapidement la trame de cette relation à trois et ils viennent ajouter des petits éléments au fur et à mesure. Mais le réalisateur ne garde pas forcément les éléments les plus essentiels pour la fin alors ça ne marche plus aussi bien au bout d'une heure quarante.
Il y a pas mal d'idées dans la façon de filmer le tennis qui est un sport auquel je ne connais rien, ce qui fait que je ne comprends rien aux actions personnellement. Pour rendre ça un peu dynamique il y a une envie de faire autre chose que ce que la télé propose habituellement pour ce sport. Ainsi, la caméra peut prendre la place du filet pendant une scène d'entraînement ou se situer sous les pieds des personnages. Une fois qu'on voit ce genre de plans, on se doute de ce qui nous attend et le réalisateur le tente : que donnerait du tennis dans le cas où la caméra prend la place de la balle ? Bon et bien ce n'est pas très beau mais ça a le mérite d'être rigolo pendant 30 secondes.
Un autre aspect qui se manifeste surtout dans la deuxième moitié du film, ce sont les ralentis et ils sont souvent insupportables, surtout quand ils réduisent le nombre d'images par seconde. C'est très gratuit et ça alourdit des scènes qui sont portant très lisibles.
Le dernier quart d'heure est interminable car il cumule tous les tics de mise en scène expérimentés plus tôt dans le film et fait tout durer à l'excès. La musique, très présente dans le film et plutôt réussie, en devient insupportable à ce moment-là. Ce n'est même plus les actions qui comptent mais l'énergie qui se dégage des plans, ce qui est sur le papier quelque chose de très cinématographique mais dans les faits assez éprouvant.
Malgré son bon quart d'heure de trop, je pense que le film sera amusant pour tous ceux qui aiment le cinéma de façon générale (quel que soit le bagage culturel) parce que la mise en scène est généralement très signifiante et pas subtile donc on se sent facilement impliqué dans le film. D'ailleurs il y avait pas mal de réactions autour de moi en salle et c'était plaisant. C'est amusant de sentir une invitation à décoder chaque plan tant c'est généreux en termes de mise en scène.